merci pour ta prose prolixe et ma fois fort tordante 

Bonjour,

Bravo pour cette saga : il est irrésistible de retrouver une part de mes propres mésaventures tellement mieux racontées que je ne saurais le faire (notamment le marathon de bucheronnage des ces dernières semaines....). Cependant une petite question me taraude : je ne sais pas si c'est pour les besoins de l'histoire mais il me semble dommage, si l'on est un vrai débutant, de se priver des avantages d'une affuteuse manuelle. Même si j'ai eu la chance de bénéficier d'un manuel en français, je dois reconnaître que l'usage de cette petite bête nécessite un temps d'adaptation . Par contre cela permet de commencer chaque week end avec une chaine aux gouges régulièrement affûtées quitte à rafraîchir directement à la main quand on est au bois. Toute cette introduction pour dire qu'il n'est pas nécessaire de régler l’outil pour chaque gouge mais seulement au début et lors du changement de coté, non?

Bonne continuation et continue à nous faire profiter de tes déboires (terme qui devrait te convenir non?)

Bertrand -  Un nul sans aucun talent de conteur...

LE BÛCHERONNAGE PAR UN NUL
ÉPISODE 7

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh !!!



Mais pourquoi, pourquoi est-ce que ces trucs-là n’arrivent qu’à moi… ???

Mais comment je vais faire pour recoller çà avant que mes parents ne rentrent de vacances ? Ah ! Misère, même quand je ne touche pas à la tronçonneuse, les arbres et la forêt m’en veulent. Quand je pense que j’adorais m’asseoir sous ce chêne… Imaginez si c’était arrivé à Newton : personne n’aurait compris les lois de la gravité et les gens continueraient à s’asseoir innocemment sous les arbres, persuadés qu’ils ne risquent rien… comme moi. Adieu le hamac que je comptais y installer…

Et en plus, je suis sûr que ça va être de ma faute alors que pour une fois, je n’ai touché à rien : j’étais juste censé tondre la pelouse… Cela dit, même la pelouse ne m’a pas réussi : j’ai perdu un des ressorts de l’attelage arrière du tracteur (ça n’arrive qu’à moi), et il a fallu que je fouille 2 hectares de prairie pour remettre la main dessus. J’ai passé plus de temps à chercher ce machin qu’à tondre les 2 ha. Ah ! le matos japonais, c’est plus ce que c’était : j’aurais dû acheter du coréen.

Bon, enfin j’ai quand même une bonne, une très bonne nouvelle à vous annoncer : je me suis inscrit à une formation… de bûcheronnage ! Et oui ! Mais si, mais si, ça s’intitule « Bûcheronnage en sécurité », et je me suis dit qu’à ce stade, c’était exactement ce qu’il me fallait. Est-ce que j’ai votre approbation générale… ?

Certes, ce n’est qu’une formation très basique - quelques jours seulement - dans un centre de formation professionnel. Mais au final, c’est tout de même mieux que pas du tout. Je connais même des gens qui se sont inscrits simplement parce que j’y allais… Franchement, je me demande bien pourquoi, mais bon, c’est plutôt sympa de leur part, non ? Je leur ai promis qu’il y aurait de l’ambiance. Ils m’ont répondu : « on ne râterait ça pour rien au monde ». Je dois bien vous avouer que je trouve cet enthousiasme général pour le bûcheronnage un peu suspect, mais bon…

Oui, parce qu’il faut quand même que je vous resitue le contexte. Pour ceux d’entre vous qui auraient suivi mes précédentes aventures, je précise, pour mémoire, que j’ai entrepris le bûcheronnage sans aucune formation, sans conscience des nombreux obstacles qui allaient bientôt émailler mon apprentissage , voire occasionnellement me tomber dessus (au sens littéral). Je n’avais alors, aux innocents les mains pleines, aucun préjugé envers les arbres qui constituent la forêt. Et pour cause : je ne les distinguais même pas les uns des autres… !

Heureusement, j’ai pu partiellement remédier à cette petite carence grâce à un premier cycle d’initiation à la forêt. Oui, c’était malheureusement un module obligatoire et pré-requis pour l’inscription au stage de bûcheronnage.

Le cycle s’adressait à des débutants, mais dans le vocabulaire des forestiers,  « débutant » est un niveau à géométrie variable. Tous ces débutants-là avaient déjà effectué des coupes sur leurs parcelles, vendu leurs bois et surtout, étaient parfaitement capables d’identifier les différentes essences. De mon côté, j’ai encore du mal à identifier le mélange deux temps…

D’ailleurs, à ce propos, le type qui me vend le carburant et l’huile de chaîne m’a apostrophé l’autre joue en me déclarant, tout de go : « vous ne savez toujours pas faire votre mélange vous-même depuis le temps… ? » Je crois vraiment qu’il me cherche, surtout depuis le jour où je lui ai demandé s’il ne s’était pas trompé de mixture, celle de son bidon n’étant pas verte comme celle que j’achète tout prête, mais rouge. Ben oui, mettez-vous à ma place : si un jour on vous servait un Martini vert, est-ce que vous ne le renverriez pas au barman en lui expliquant que vous n’avez pas commandé un Jet 27 mais un Martini… ? Bon ben vous voyez : soyez charitables avec le novice (qui n’est pas vert ni rouge, mais Bleu) : je ne suis quand même pas censé savoir que les huiles de synthèse changent de couleur en fonction du fabricant, si… ?

Bref.

Tout ça pour vous dire que pendant mes vacances, je suis allé dans une jardinerie pour y acheter un parasol et quelques hortensias quand, au détour d’une allée, je suis tombé sur une magnifique gondole fraîchement remplie de serpes et de haches de bûcheron de fabrication italienne. Le tout en libre-service au beau milieu des ménagères en train d’acheter leurs pots de géraniums grimpants. On s’étonne ensuite que des ados pas très cortiqués entreprennent les gens à coup de machette sur des parkings de supermarché. Comme dirait Philippe Meyer, nous vivons une époque formidable. Ou comme dit ma mère : « laisse les gondoles à Venise et concentre-toi sur les hortensias … »

Ah ! Que ferait-on sans la fortitude inébranlable de nos parents, solide repère tel un indéfectible phare dans la nuit brumeuse de nos pensées…

Justement, quand j’ai raconté à mon père que je m’étais aussi inscrit à un stage de trufficulture (juste avant le stage bûcheronnage en sécurité), il n’a pas pu s’empêcher de se fendre d’un petit compliment (comme d’habitude…) : « Trufficulture ? Pour quoi faire ? On n’a plus rien à apprendre sur le sujet : on a déjà déniché la plus grosse truffe du monde et je ne pense pas que le record soit prêt d’être battu. Nous aussi on l’a trouvée sous un chêne, en train de s’échiner avec une tronçonneuse : étonnant, non ? Car en général, il n’y pousse que des glands… »  D’habitude, j’aime bien l’ironie mais quand même : rira bien qui rira le dernier quand Maman te servira une tranche de foie gras aux glands…

A suivre…

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE – Faut-il nettoyer la tronçonneuse et comment ? (sans se faire mal…)

Dernière modification par jacques (01-09-2011 18:04:45)