AVERTISSEMENT : A PRENDRE AU SECOND DEGRE

Bonjour à tous,

Je viens à mon tour sur ce forum pour vous soumettre les réflexions d'un humble néophyte en matière de bûcheronnage. Humble car même l'apprentissage des règles de base du maniement d'une tronçonneuse, au stade où j'en suis, me paraît semé de bûches autant que d'embûches.

Ne s'y aventure pas qui veut, en tous cas, pas impunément. Avis à tous les "Monsieur Bean" de la tronçonneuse qui viendraient, comme votre serviteur, à s'égarer dans ce monde. Nouveaux membres sans soucis, vos 4 membres sont en sursis (et ça rime), surtout si vous ne faites pas gaffe aux outils que vous maniez.

A ce propos, je tenais - en forme d'hommage à tous les pros de ce forum - à vous conter mes mésaventures, histoire de détendre l'atmosphère. Je prévois plusieurs épisodes, juste pour vous tenir en haleine comme dans une mauvaise série B américaine.

Que l'administrateur de ce forum me pardonne si je n'ai pas posté ce billet au bon endroit ou si mes propos lui semblent hors sujet. Si d'aventure tel était le cas, je promets de battre ma coulpe et de me retirer sans histoire.

EPISODE 1 - Premiers pas

Elagage et bûcheronnage sont des métiers dangereux, difficiles et sérieux qui, contrairement à ce que les gens croient, n'exigent pas seulement de l'endurance mais aussi de l'intelligence et de la dextérité. En deux mots, un véritable savoir-faire. Cela, je ne vous l'apprend probablement pas.

Ce n'est pas mon métier, et je n'envisage pas, ô grand jamais, de me substituer à des professionnels en qui j'ai toute confiance, dont je respecte profondément le travail et dont j'aspire, comme tout particulier, à tirer quelques enseignements. Bref, à couper des troncs sans en devenir un...

Cependant, je vis entouré de forêts et je ne peux ni ne veux passer mon temps à appeler des pros chaque fois qu'une branche tombe par terre. Un minimum de savoir et de savoir-faire me semblent souhaitables, pour des raisons pratiques, pour des raisons de survie et parce que le sujet me semble passionnant.

Malheureusement, après bien des heures passées dans la forêt, je n'ai pas encore trouvé mon maître Jedi pour qu'il me dispense ses enseignements et je dois avouer que la Force est encore assez loin d'être avec moi. Je n'arrive même pas à soulever la tronçonneuse que  l'on ma grâcieusement prêtée! Allô Yoda? T'es là??? Un conseil pour moi?

Côté théorie, pour le moment, je suis bloqué dans le venturi du carburateur, juste entre le volet de démarrage, le "choke", du verbe anglais "to choke" qui signifie "s'étrangler" je crois - étrange tout de même pour un démarreur - et le gicleur de ralenti secondaire...

J'en ai déjà mal aux cheveux! Une page par jour, pas plus. C'est aussi difficile à retenir que des cours de neuro-anatomie fonctionnelle du cerveau, et pour le moment, ça n'a pas l'air beaucoup moins compliqué que les principes de la physique quantique à l'intérieur des trous noirs.

Bref, je ne sais pas si cela va m'aider à scier un arbre, mais quand même, je dors beaucoup mieux depuis que je sais ce qu'est un carburateur à membrane, appelé aussi "carburateur aviation" ou "carburateur toutes positions". Une véritable hérésie quand on sait que justement, en matière de tronçonnage, et contrairement au Kâmasutra, toutes les positions ne sont pas permises...

Tout ça pour dire que le Nobel du bûcheronnage, pour moi, c'est pas pour demain. D'ailleurs, en regardant une vraie tronçonneuse, je n'ai même pas reconnu les schémas qui étaient sur le livre. Sans doute faut-il retirer le capot de protection orange qui recouvre l'ensemble pour apercevoir cette merveilleuse mécanique...

Mais bon, c'est comme le cerveau : tant que ça marche, on n'a pas trop envie d'aller voir ce qui se passe à l'intérieur. D'ailleurs, je ne pense que je supporterais sereinement le spectacle d'une tronçonneuse démembrée...

En tous cas, j'ai retenu que sans EPI, ma vie, même sans cerveau mais avec une tronçonneuse, serait brève, pénible et violente.

Il m'a donc fallu écumer tous les magasins du patelin pour trouver une paire de bottes à ma taille, que j'ai finalement dû commander. J'aurais pu éviter tout cela en achetant sur internet, comme souvent conseillé dans ce forum, mais j'aurais manqué ce merveilleux contact humain avec les vendeurs. Jugez plutôt.

Quand j'ai demandé un pantalon anti-coupure dans le premier magasin, ils m'ont questionné pour savoir si "j'étais du métier quand même" (ça doit être un code) avant d'accepter, non sans hésitation, de m'en laisser essayer un puis de me le vendre (chèrement). En partant, ils m'ont recommandé la plus extrême prudence. "Pas de bêtises, hein?". Deux minutes de plus, et je pense qu'ils appelaient la gendarmerie pour qu'ils me rembarquent chez mes vieux...

Comme si j'allais me scier une jambe pour le plaisir de m'offrir un pantalon qui coûte déjà un bras! En tous cas, je dois porter sur ma tête que je ne suis pas du métier. C'est peut-être parce que j'étais en costume cravate quand je suis rentré dans le magasin d'EPI...?

Je n'étais malheureusement pas au bout de mes peines. Chez Descours et Cabaud (où ils m'ont aussi pris pour un VRP égaré), le vendeur n'ayant pas ma taille de bottes et me croyant peu au courant du type de chaussures dont j'avais réellement besoin (c'est faux : je savais très bien ce que je voulais) m'a jeté en patûre à son directeur des achats. Super!

J'ai donc dû essayer toutes les chaussures de sécurité du catalogue devant les 12 acheteurs hilares présents dans son bureau, chacun donnant son avis ("Prenez les Le Chameau, c'est un super produit" - "Non, préférez les Parachoc, fabrication dans l'Isère, 100% française"...etc.). Le gars m'a poursuivi dans le magasin avec une paire de Haix en cuir/Gore-Tex, parfaite pour qui souhaite perdre un autre bras ($$$$$) dans une paire de chaussures.

A croire que j'étais le premier client à leur acheter une paire de grolles anti-coupures. Réflexion faite, j'aurais peut-être dû repartir avec la gendarmerie dans le précédent magasin. D'un autre côté, au moins maintenant, TOUT LE MONDE me reconnaîtra quand je reviendrais leur acheter des trucs... D'ailleurs, quand je suis repassé prendre ma commande, ils m'ont dit "Ah oui, c'est vous l'apprenti bûcheron! On vous a finalement trouvé une paire de bottes!". Misére...!

Allez les pros, soyez sympa : dites-moi comment vous faites pour être pris au sérieux quand vous achetez du matos. Est-ce que je dois m'asperger préalablement d'huile de chaîne de tronçonneuse avant d'y aller? Pour moi, c'était plutôt : "Jason de Vendredi 13 vient de s'évader de la maternelle"...

Enfin bon, après ces quelques humiliations gratuites, ma panoplie de Jedi est maintenant complète. Grosse déception. En fait de Luke Skywalker, je ressemble plutôt au Grand Schtroumpf avec mon casque et mes bottes oranges, mais bon, que voulez-vous, non seulement toutes les positions ne sont pas permises, mais il faut sortir couvert de nos jours. Tout le monde sait ça. Et en plus, on me parle maintenant de mécanismes anti-rebond. Et ben, c'est pas avec ça qu'on risque de s'éclater...! A part peut-être la gueule...!!!

A suivre...

DANS LE PROCHAIN EPISODE - Découverte de la tronçonneuse (ça promet...)