Chouette histoire !
ou plutôt, chouette récit de tes déboires.

En tous cas, j’ai retenu que pour des arbres d’un diamètre inférieur ou égal à 20 cm, je pouvais remplacer l’entaille de direction par un simple trait de scie, suivi d’un trait de scie plus long à l’arrière et légèrement au-dessus (épaulement). La petite fente devant, la grande derrière…

Ce n'est pas une bonne idée de vouloir prendre des raccourcis. Entraine -toi à faire les coupes comme il faut, avec entaille et tout et tout, même si c'est du petit diamètre et du facile qui ne craint rien.
Le coup de main et le coup d'oeil ne viennent qu'avec de l'entraînement, donc profites-en pour t'exercer. Les faciles (soit-disant) sont moins stressants donc tu peux t'appliquer et prendre ton temps, regarder, viser, tester ... avec un esprit plus détendu (bien que en alerte !).

Mais gaffe gaffe gaffe, il y a de quoi se faire avoir comme il faut par des "petits faciles", voir se faire salement amocher. Les arbres ont une formidable réserve de surprises.
Un arbre de 20 cm de diamètre n'est absolument pas "petit" pour moi et il recèle aussi son lot de dangers.
Pour mémoire, juste avant de faire mes classes en élagage, j'ai écrasé ma remorque avec un petit de 20 cm de diamètre (mais autour de 20 m) que j'ai "perdu" lors de l'abattage.

Entaille, toujours, et belle charnière, sinon on ne sait pas ce que va faire l'arbre, il peut partir sur le côté ou éclater quand le simple trait de scie devant se ferme.
En plus, c'est très satisfaisant de soigner sa coupe et de voir l'arbre tomber exactement comme prévu, même pour une petite tige.
Si cela ne se passe pas comme prévu, il faut prendre le temps d'étudier la chose et trouver le pourquoi et le comment, indispensable pour progresser et réduire les risques futurs.

Le problème, c’est de trouver une position confortable pour attaquer. Je sens bien que je tâtonne, j’engage mon guide trop haut, quand il ne dévie pas carrément d’une manière alarmante ! Ca sent la débandade à plein nez. Le manuel dit : « surtout pas en plongée tant que vous ne maîtrisez pas complètement ». Ils en ont de bonnes, eux… Et moi, je fais comment ? En biais, un genou par terre ?

en plongée, c'est attaquer avec le nez du guide, dans son axe, effectivement délicat à maîtriser pour éviter le fameux kick-back.
Pour l'entaille, le plus commode pour moi est de se placer à côté de l'arbre, un genou en terre justement, face à la direction de chute prévue. Tronçonneuse proche de soi (plus facile à tenir), perpendiculaire à la direction de chute. On prend le temps de positionner sa machine selon ses repères (direction de chute, horizontale, inclinaison) avant de commencer à couper, car une fois que la tronço a entamé le bois, elle n'a plus envie de changer son plan de coupe.
Tu attaques la coupe avec la partie inférieure du guide, le bloc moteur calé contre le tronc pour éviter les mouvements intempestifs, déstabilisants et épuisants. Tu surveilles fréquemment tes repères et visée pour couper ce qu'il faut, mais sans aller trop loin.


Pour l'arbre encroué, mais c'est aussi valable pour abattre, pour débiter un tronc à terre ou pour couper les branches, il te faut surveiller attentivement ton trait de coupe. Tu peux le voir s'ouvrir ou se refermer doucement, ce qui te permet le plus souvent de sortir ton guide à temps dans le cas où ça va coincer. Mais il faut réagir très vite. Dans ce cas, tu réattaques de l'autre côté (qui lui, s'est ouvert).

Salut,

  T'as de la chance JM car les Marc-Antoine ils sont pas légions! 

LE BÛCHERONNAGE PAR UN NUL
ÉPISODE 4 (exceptionnellement sous forme de roman-photo…)

« Et surtout, il ne faut pas toucher aux châblis… ! » Alors là, excusez-moi de vous demander pardon, mais oh que si, j’y touche, et j’ai bien l’intention de continuer, par-dessus le marché ! Mes parents m’en mettaient déjà dans mon biberon, avec mes petits pots à l’andouillette de Troyes et aux frites… !!! Alors vous voyez, c’est justement de ne plus y toucher qui me ferait très mal... !

Le type du SAV a levé la tête, et le seul autre client présent s’est retourné d’un air consterné. Encore un qui ne boit pas d’alcool… Le patron du magasin, lui, était enfoncé dans son siège, inerte, de petites bulles d’air au coin des lèvres. Je venais chercher quelques conseils, mais je n’ai pas pu m’empêcher de balancer une ânerie, juste pour détendre cette atmosphère à couper au couteau (oserais-je dire « à la tronçonneuse »). Pourtant, ce n’est pas dans mes habitudes…

Enfin bon, appelons un chat un chat : même l’Amerloque le plus inculte sait le bonheur que procure « a glass of Chablis », et chez moi, un Chablis, ça ressemble à ça :



Et bien dans le monde des forestiers, bûcherons et autres élagueurs, un châblis, ça ressemble plutôt à ça :



Notez la différence : on comprend mieux pourquoi les vocations de bûcheron sont moins nombreuses que celles d’ivrogne… ! Mais bon…

C’est vrai que moi, quand je vois ça :

J’ai plutôt envie de me boire un grand verre de ça : Même deux d’ailleurs.

« Toi, t’es plutôt l’andouille du châblis, et on peut pas dire que t’es vraiment la frite si on en juge par ton rendement de coupe.» Et voilà, d’abord t’en mange dans les petits pots, et puis un jour tu le prends dans les dents : il faut toujours que quelqu’un vienne gâcher notre innocence d’enfants…

Ça me rappelle le jour où on m’a révélé que le père Noël n’existait pas… mais en pire ! Franchement, qu’une catastrophe forestière porte le nom d’un grand vin de Bourgogne, il fallait quand même le trouver ! A mon avis, tous ces vieux chênes séniles de l’Académie Française devaient aussi biberonner du Chablis le jour où ils ont rédigé l’article du dictionnaire. Je comprends mieux, maintenant,  pourquoi on leur a cousu des glands d’or sur leurs uniformes… !

Enfin, tout ça pour dire que j’ai trouvé beaucoup plus de châblis dans mes bois que dans ma cave. Et ça, c’est un vrai problème… !

A votre avis, le prochain épisode pourra-t-il survivre à ça ?



« Essaye de sauter dessus à pieds joints, tu auras peut-être plus de chance que la dernière fois… Et n’oublie pas de t’équiper d’un protège-burnes et d’un crashpad. Je crois qu’un nouveau sport est né dont tu es l’unique licencié… Mais peut-être pas pour longtemps… ! » Toujours un petit mot aimable, mon père, avec ce subtil mélange d’espièglerie et de chafouinerie… Heureusement, je crois que je suis blindé contre tout ça maintenant (casque + kevlar + plaques d’acier).

Comme vous pouvez le constater, aucun arbre intéressant n’est à sauver ni abattre, mais question châblis, je crois que je suis tombé sur une bonne cuvée… !!!

Du coup, les arbres en(c)roués, je les ai pris en grippe…   ?  ?

Bon allez, ne partez pas tout de suite, j’ai presque fini…

Il y a deux minutes (moins le temps que vous avez passé à étudier la scène de crime), je vous ai dit que je ne croyais plus au Père Noël. Sauf qu’en remontant du bois et en entrant dans la maison, dimanche soir, un « truc » d’une masse et d’une vigueur anormales se mouvait avec fracas dans le conduit de la cheminée du salon…

C’est donc avec une légère appréhension que j’ai ouvert la vitre du foyer pour vérifier que ma tronçonneuse n’arrivait pas en retard depuis le Pôle Nord… Et là, CRISE CARDIAQUE… !!! Voilà à quoi ressemblait le cadeau qui est tombé du conduit :



J’ai d’abord cru qu’un imbécile avait jeté une vieille pantoufle au milieu des cendres, jusqu’à ce que la pantoufle s’envole à travers toute la maison pour aller s’encastrer dans une baie vitrée, quatre pièces plus loin… CA-TAS-TROPHE… !!!

Inutile de vous dire que ce n’était pas "chouette" à voir… 

Il a fallu que je défibrille cette pauvre chose, que je tente de la reposer sur ses pattes, que je lui tienne la tête le temps de tâter doucement sa colonne vertébrale et que je la remette en position d’envol sur mes deux mains. Très stupide idée d’ailleurs, quand au bout de trois minutes, les serres se sont transformées en sécateurs pour s’enfoncer dans mes doigts déjà boudinés par une journée de tronçonnage… Aaaaaaaaaahaaaïïïeee ! Je vois qu’on reprend de la vigueur… !

Je ne sais pas lequel des deux était le plus effrayé quand elle a ouvert ses gros yeux jaunes, mais j’ai été soulagé qu’elle quitte mes doigts pour regagner le grand chêne en face de la maison…

Moralité : à trop abattre à la chaîne, bûcheron ne trouve que chahut en cheminée.

Je vous laisse savourer… Que ceux qui n’ont pas compris lèvent la main… !!!

A suivre…

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE – + =

LE BÛCHERONNAGE PAR UN NUL
ÉPISODE 5

Bonjour à Tous,

Aujourd’hui, petite déprime et vague à l’âme…

Tout d’abord, je constate - non sans inquiétude - que mes posts suscitent de moins en moins de réactions, ce qui n’est pas exactement bon signe… Il semblerait qu’il y ait bien des lecteurs, mais pas ou peu de commentaires.

J’en conclus donc que soit vous êtes tellement restés bouche bée de consternation que le chat en a profité pour vous manger la langue ; soit vous êtes effondrés de découvrir qu’un tel bras cassé puisse exister, et la dépression qu’a engendré cette nouvelle vous a rendus complètement apathiques…

A moins que ce ne soit mon calembour de l’autre jour sur le chat-huant… Mais bon, il ne faudrait quand même pas que ça vous bouleverse à ce point là… !


Ensuite, à force de naviguer de post en post et de cliquer sur tous les liens, j’ai atterri, pas complètement par hasard j’imagine, sur une vidéo de tiotony02100 intitulée « abattage 385xp. Et ben c’est moi qui étais sacrément abattu quand j’ai eu fini de regarder ça…

Aucun doute, tout y était : économie des gestes, parfaite maîtrise, posture irréprochable, tenue impeccable.  Je dirais même, une certaine grâce… Le petit coup de serpe qui va bien pour enlever les déchets de l’égobelage et de l’entaille. La classe totale. Sacrebleu ! Ça m’a fichu un de ces coups au moral… !

Du coup, je crois que je vais m’acheter une Husqvarna XP : la tronçonneuse qui rend beau et fort, un peu comme dans la publicité pour les déodorants… ! (En particulier celle qui passe en ce moment à la télé, et où les anges tombent du ciel parce que le mec s’est vaporisé avec de l’Axe pour homme… Mon Dieu ce que ça peut être naze… !)

Si j’arrive à faire tomber quelques arbres, ce sera déjà pas mal et je vous parie (mais pas un bras quand même) que les meufs suivront dans la foulée. De toute façon, il faut tout essayer !


Malheureusement, c’est de la débroussailleuse dont j’ai eu besoin hier, et comme je n’étais pas sûr d’avoir fixé le couteau à taillis correctement, j’ai dû aller me ridiculiser une fois de plus chez mon revendeur préféré (je ne suis pas sûr que ce soit réciproque d’ailleurs…)

Il m’a expliqué qu’il ne fallait JAMAIS enlever le disque de pression en bout de came sans quoi l’outil de coupe se coincerait pour toujours… Et en terminant sa phrase, il a pointé son doigt vers le rayon des débroussailleuses neuves… J’ai bien compris le message, mais non, je ne l’avais pas enlevé ! Je sais encore lire un mode d’emploi.

Mais bon, depuis que je lis toutes vos histoires d’accidents horribles sur le forum, je me dis que même un rotofil, entre mes mains, peut devenir une arme de destruction massive… Ça valait bien 10 kms aller-retour pour s’assurer que tout était OK, et ça m’aura épargné d’avoir à me faire crucifier sur ce forum… !!! En outre, je ne crois pas que j’aurais osé vous demander…

D’ailleurs justement, et maintenant que j’en parle, c’est aussi un truc qui me déprime. Depuis que je pratique un peu, les questions s’accumulent et il va falloir que je me lance à mon tour, au risque d’en prendre pour mon grade… Ça va être dur. Sauf si vous continuez à rester muets, mais j’ai peur que ça ne m’aide pas beaucoup… !

N’empêche qu’aujourd’hui, j’ai tronçonné selon les instructions de Marc Antoine, et ça va beaucoup mieux. Sauf que j’ai encore un peu de mal à m’arrêter à temps quand je fais mon entaille d’abattage sur des petits troncs, mais bon…

Je m’entraîne sur des chandelles de vieux boulots pourris. Techniquement, je pourrais les abattre d’une simple pression du doigt, méthode « Batman ». Mais bon, j’essaye de ne pas tricher et de me servir correctement de ma Bat-tronçonneuse à la place… Je n’ai ni cape ni ceinturon jaune avec treuil intégré, mais j’ai une chemise de bûcheron canadien XXL et des bretelles oranges, alors ça le fait quand même un petit peu… Franchement, ce n’est pas facile tous les jours d’être un super-héros… !!!

Bon.

Et pour finir, le Guide Pratique de l’Arboriste Grimpeur n’est plus disponible auprès de la SFA. Il est épuisé et personne n’a daigné me répondre quant à une éventuelle date de réimpression. Décidément… ! En fait, je ne suis pas Batman mais plutôt l’Homme invisible…

Ah ! Je vous vois déjà tapant des deux mains sur votre table : « ça y est les gars ! On y est : le bleu va essayer de monter dans un arbre avec un corde à sauter, trois mousquifs porte-clés reçus en cadeau à la journée portes-ouvertes du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins (où il est pourtant bien écrit : ‘ne pas utiliser pour s’encorder’) et une tronçonneuse hardcore de 8 kilos dont il ne sait même pas se servir… ! »

Comme je crains que vous ne soyez aussi charitables que mon paternel, je ne vais pas vous donner ce plaisir… tout de suite ! Mais il faut quand même que je vous montre ça :



Le vénérable chêne sur cette photo (en fait, ils sont plusieurs, mais je parle du plus gros) a un tronc de 120 cm de diamètre, pour une hauteur d’environ 25 mètres. Il veille sur les 500 pieds de sauvignon (au premier plan) que je tente d’acclimater dans l’espoir de les boire un jour sous forme liquide…

Après tout, quand on est passionné de vin, il vaut mieux essayer de comprendre comment on le fabrique plutôt que de faire comme tous ces raseurs qui vous expliquent qu’ils ne boivent que du Château Margaux parce qu’il n’y a que ça de vrai, mais qui en réalité se contenteraient de n’importe quelle piquette du moment qu’elle coûte cher…

Bon attendez, il faut que je me calme là, parce que je deviens politiquement incorrect… !

Tout ça pour vous dire que les abords de la maison jouissent d’une douzaine d’arbres comme celui-ci que je voudrais m’efforcer de mettre en valeur parce que les contempler depuis la terrasse ou m’asseoir dessous me remplit d’un bonheur immense. Beaucoup de gens vivent au milieu du béton, par nécessité mais aussi, trop souvent par choix, et je ne les envie pas.

Désolé, mais je ne suis pas seulement déprimant : je deviens aussi pathétiquement sentimental… !!!

Bref, je suis un peu amoureux de mes arbres et j’aimerais, comme eux, devenir sage et vénérable en vieillissant. Je ne crois donc pas que m’encorder dedans avec une tronçonneuse soit la voie de la sagesse… et encore moins d’un vieillissement jusqu’à un âge vénérable… !!!

Par contre, je vais certainement me payer un ou deux arboristes grimpeurs pour qu’ils viennent couper les branches mortes (histoire de ne pas réinventer la théorie de la gravité comme Newton… A mon avis, une branche de chêne sur la figure, c’est plus problématique qu’une pomme… !).

J’en profiterai pour me faire un petit reportage photo et regarder un peu comment ils s’encordent. Je ne le ferai jamais moi-même, mais au moins, je ne mourrai pas idiot. Vivre dans l’ignorance est la chose la plus frustrante du monde. C’est encore pire que de ne pas savoir baiser et je sais de quoi je parle : je suis un bleu… !

Je veux seulement comprendre comment ça marche… Je veux dire… pour grimper bien sûr… ! Enfin je veux dire… pour grimper sur l’arbre. Euh… sur les arbres ! Oh ! Et puis ça suffit, vous m’avez parfaitement compris, alors ne commencez pas… !!!

D’ailleurs, on devrait suggérer à Jamie Gourmaud et à Frédéric Courant de C’est Pas Sorcier de consacrer une de leurs émissions au bûcheronnage et à l’élagage… Il y a pas mal de gens qui, j’en suis certain, apprendraient un tas de trucs.

D’un autre côté, je me rends compte que ceux qui s’intéressent à trop de choses, qui s’intéressent même aux sujets qui ne les intéressaient pas à priori – et qui veulent comprendre les raisons de leurs désintérêt – en payent le prix par une certaine solitude.

Apparemment, et si j’en juge par le nombre déclinant de réactions à mes posts, je crois que c’est plutôt vrai… !!!

Bon ben maintenant que je vous ai bien pris la tête, j’y vais (mais je ne sais pas où…)

A suivre…

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE – Affûtage pour usager pas fûté… (Bac +30 exigé)