LE BÛCHERONNAGE PAR UN NUL
EPISODE 2

Bonjour à Tous,

Les actes personnels d'une stupidité consternante ne méritent généralement pas d'être racontés. Mais si vous avez lu mon précédent post, vous aurez aussi compris qu'ayant perdu mon amour propre chez Descours et Cabaud, et maniant une tronçonneuse (allons, ne piaffez pas, je vais vous raconter plus bas), je n'ai plus peur de rien. C’est navrant mais c’est comme ça.

Ainsi, dans le dernier épisode, certains parmi vous ont peut-être pensé que j'avais poussé le bouchon un peu loin en suggérant de m'asperger d'huile de chaine de tronçonneuse pour être plus crédible lors de mes achats chez les revendeurs...?

Et bien figurez vous que justement, je l'ai poussé trop loin, le bouchon... Un quart de tour, c'est 1/4 de tour, pas 1/2 ni 3/5, mais 1/4. C'est d'ailleurs pour ça qu'on les appelle des bouchons "1/4 de tour" je crois...

Mais bon, j'avais les doigts gras, le bouchon aussi et voyez-vous, tout cela n'est qu'un malentendu.

Bref...

Certains m'ont suggéré de publier des photos. Et bien je suis navré, mais vous n'avez malheureusement pas encore l'âge de mater les images d'une éjaculation d'huile aussi pornographique. Tout y a pris : le falzar, les bottes et l'allée en gravillons (heureusement que je fais toujours ça dehors...!!!).

(Je crois aussi que j'ai tâché un des bancs d'extérieur en y jetant tout mon attirail au moment de la panique. Mais bon, je préfère ne rien dire tant que personne ne s'en aperçoit...)

Évidemment, je venais de terminer mon bidon d'huile et il a fallu que descende fissa en racheter un chez le dépanneur espaces verts du coin. Je n'avais pas franchi la porte du magasin que, du comptoir, le gars me lance : "vous avez besoin d'huile de chaine je parie!"... J'imagine qu'il s'est cru spirituel.

"Vous avez une Stihl? L'huile, c'est dans le bouchon de gauche"... Naturellement, je ne peux pas le blâmer de me l’avoir rappelé vu que je poissais de graisse sur son sol neuf en lino beige. Dieu merci, aucun autre client n'était présent dans le magasin pour renifler mon nouveau déodorant à l'huile de chaine et mon nouveau shampoing aux copeaux de bois...

Quelqu'un m'a dit l'autre jour : tu dois faire corps avec ta tronçonneuse, c'est le meilleur moyen d'éviter les accidents. Il y a au moins une personne dans le village qui pense maintenant que je couche aussi avec...!

Et en plus, c'est celle d'un autre!!!

Ah ! D’un coup, tout le monde tend l’oreille. Je sens bien que vous guettez le ragot. Allez, je vous la décris : carénage orange, épaules de nageuse, sourire carnassier, poignée généreuse… Une idée ? Mensurations : 3,3 – 6,4 – 50. J’entends déjà vos commentaires affligeants: le bleu s’est fait dépuceler par  une professionnelle du bois (mais pas de Boulogne).

Et bien oui, elle ronronne au quart de tour (comme le bouchon d’huile), mais elle nécessite qu’on l’empoigne fermement, sans quoi, elle se met à gigoter dans tous les sens… J’avoue qu’elle m’épuise un peu au bout d’un moment ! Stihl MS-390 avec guide de 50, apparemment plus au catalogue. Mais ne dit-on pas que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ?

Et ne venez pas m’expliquer que vous grimpez aux arbres avec des (top) modèles encore plus balaises : faites ça comme vous voulez ou comme vous le pouvez, bande de prétentieux, mais ne venez pas salir mes chastes oreilles de puceau !

Quand je pense que l’autre jour, je suis tombé, par hasard, sur une émission intitulée « Les Bûcherons de l’Impossible ». Ça m’a rappelé le jour où, en sixième, j’avais regardé L’Exorciste sans la permission des parents : je n’en ai pas dormi de la nuit ! Pour ceux parmi vous qui n’auraient pas la TNT, quelques rediffusions sont encore disponibles là :

http://www.w9replay.fr/#/emissions/les- … ible/22812

Une pure folie. Quand ils enlèvent la cime d’un cèdre rouge, le sommet de la quille oscille comme celui de la Tour Eiffel par grand vent. Sauf que le type perché à 45 m du fût n’est retenu que par un bout de ficelle et deux crampons… !!! Le pire, c’est que dans chaque épisode, ils insistent constamment sur la sécurité alors qu’ils passent leur temps à précouper des troncs qu’ils laissent sur pied (MAIS COMMENT EST-CE QU’ON PEUT FAIRE ÇÀ ???) pour qu’un Vertol 107 de 10 tonnes vienne les hélidébarder en soufflant toute la parcelle avec ses 2 rotors à chaque passage...

Dire que je suis terrorisé à l’idée d’abattre un noisetier de 15 cm de diamètre par vent calme…

Mais je m’égare… Donc : allumage de la tronçonneuse (froide). D’abord on lui met un doigt... sur le décompresseur bien entendu (bande de pervers...), 3-4 pressions sur le téton... de la pompe d’amorçage (c’est pas bientôt fini oui ?) pour purger et alimenter le cylindre en carburant, levier de commande tout en bas : il se redresse tout seul lorsqu’on... presse la gâchette.

Et surtout, on n’oublie pas de tirer sur la ficelle, sinon ça démarre pô ! Ben quoi ? D’accord, bleu je suis et bleu je reste, mais ne venez pas m’accabler si vos parents ne vous ont rien appris… !!!

A suivre...

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE – Dans quel sens on coupe ? (c’est pas gagné…)

Salut JM
Dès demain je crois que je vais regarder mes tronços différement, heureusement la St Valentin c'est aujourd'hui, j'aurais sinon était bien embété.

Laquelle choisir, la grosse rouge, mais bruyante et très gourmande (en carburant...), la moyenne blanche et orange mais elle est dès fois un peu courte, il me reste la toute petite rouge dans ce cas c'est quasi du délit, je crois que je vais opter pour la petite orange et grise avec sa grosse pile sur mon dos, elle est douce, silencieuse, et très légère, tout comme j'aime...

Merci à toi pour ce bon moment, pas de souci d'arbres, de trucs ou de muches, juste un bon délire, j'adore, j'suis fan, à bientôt pour la suite.

un peu d'oxygène ça fait du bien,     JM on attend tranquillement la suite

LE BÛCHERONNAGE PAR UN NUL
ÉPISODE 3

Bonjour à tous ! Pfff... quelle semaine !

Mardi dernier, c’était mon anniversaire et en prévision de ce jour, j’avais négligemment laissé traîner quelques catalogues Stihl, Husqvarna et Dolmar un peu partout dans la maison, ainsi que chez mes parents. Après tout, ce sont essentiellement LEURS bois que je nettoie, alors je m’étais dit que peut-être…

Bref…

J’aurais plutôt bien aimé un truc comme ça :



Je crois que mon signal est passé, mais sur une mauvaise fréquence, parce qu’à la place (je ne sais pas sur quelle page ils sont tombés), j’ai eu ça…  :



Bûcheron. Chemise à carreaux. Oui, vraiment, comme c’est original, je ne sais pas où les gens vont chercher tout ça, quelle imagination ! C’est époustouflant… ! Je trouvais déjà tout ce folklore des tenues de bûcheronnage un peu fatigant (12 kilos pour le pantalon au kevlar, 6 de plus pour les bottes lestées de plaques d’acier…), mais il a fallu que les meufs s’en mêlent. Je vous parie un bras que c’est encore une idée de ma mère…

Comme me disait le type du câble l’autre jour, « il y a une légère perte de signal entre votre antenne et votre récepteur … » Non ! Sans rire... Ça c’est sûr que les signaux subliminaux ne passent pas très bien dans cette maison… « Vous devriez remplacer le râteau sur votre toit. » Ecoutez, ça suffit comme ça avec les râteaux, j’en ai pris pendant 36 ans, alors je pensais quand même que cette année, j’aurais la tronçonneuse… !

Bon, enfin, revenons-en à nos moutons…

Comme je vous l’expliquais dans le précédent épisode, mon idylle avec la MS-390 est plutôt musclée… Pour le moment, et pour être parfaitement honnête, le guide de 50 fait plus de dégâts sur mes biceps que sur mes bois. D’ailleurs, je n’ai pas mangé depuis deux jours vu que je n’arrive plus à saisir aucun ustensile avec mes mains, et encore moins à les soulever jusqu’à ma bouche avec mes bras…

Du coup, maintenant, je cherche des tronçonneuses partout pour me faciliter le travail. Heureusement, j’en ai trouvé une de poche dans la cuisine de ma mère (un couteau électrique) avec laquelle j’ai pu découper le gâteau d’anniversaire. Maman n’a pas trouvé ça drôle du tout, surtout quand la chantilly a volé à 360 degrés autour de la table lorsque j’ai ressorti le couteau sans couper le contact (pas de gâchette de sûreté sur ce modèle)… !

Comme je lui ai expliqué pour me défendre, on ne peut pas tronçonner sans faire un peu de sciure. Elle a répondu que c’est moi qui avais intérêt à nettoyer mes chiures, sans quoi il ne serait plus la peine de revenir me mettre les pieds sous la table… !

Rassurez-vous, j’ai été plus prudent avec la vraie tronçonneuse. Le gars qui me l’a prêtée m’avait préalablement briefé sur la sécurité… en une seule phrase ! Enfin… deux. « Si vous n’y allez pas comme une brute, tout ira bien… » Aaaah ! Ben me voilà soulagé d’un poids, là, je crois qu’on peut y aller. Je sais tout ce qu’il fallait savoir… Je vais pouvoir débiter du rondin sans états d’âme.

Il a ajouté, juste au cas où et des fois que : « Evitez aussi de vous attaquer à des troncs de trop faible section, parce que c’est souvent comme ça qu’on prend la tronçonneuse dans la gueule… » Non, non, ne vous en faites pas : on va commencer par le chêne octocentenaire, là, celui qui penche légèrement en direction de la maison… Non mais qu’est-ce qu’il croit ?

En tous cas, j’ai retenu que pour des arbres d’un diamètre inférieur ou égal à 20 cm, je pouvais remplacer l’entaille de direction par un simple trait de scie, suivi d’un trait de scie plus long à l’arrière et légèrement au-dessus (épaulement). La petite fente devant, la grande derrière… Jusque-là, je me repère…

Le problème, c’est de trouver une position confortable pour attaquer. Je sens bien que je tâtonne, j’engage mon guide trop haut, quand il ne dévie pas carrément d’une manière alarmante ! Ca sent la débandade à plein nez. Le manuel dit : « surtout pas en plongée tant que vous ne maîtrisez pas complètement ». Ils en ont de bonnes, eux… Et moi, je fais comment ? En biais, un genou par terre ?

Par derrière, qu’ils disent ! Alors là, c’est le pompon… !!! Ecoutez, moi j’ai déjà beaucoup de mal par devant, alors ne compliquez pas inutilement les choses, d’accord… ?

Tout ça pour finalement tomber sur un tronc déraciné et superficiellement encroué dans un autre arbre, peut-être à 2 m ou 2,50 m du sol. Diamètre 25 cm environ. Comme il était déjà presque couché, je me suis empressé d’enfreindre l’interdiction faite aux débutants de toucher aux arbres déracinés et encroués. J’ai commencé par tronçonner quelques centimètres par-dessous, puis j’ai fini mon trait par le dessus.

Enfin, pas tout à fait fini pour être franc… J’ai scié en diagonale, je ne sais pas pourquoi, c’est mon côté créatif… je… pensais que le tronc tomberait plus facilement. Au lieu de ça, il s’est serré sur mon guide. Catastrophe ! J’ai retiré la tronçonneuse en panique à seulement 2 cm du bout. Et là, je m’suis dit : donnes-y donc un p’tit coup de pied, personne ne verra la différence…

Sauf que cette saleté de tronc n’a jamais voulu céder. Alors j’ai dû improviser. Je suis monté sur le fût et j’ai sauté à pieds joints sur mon trait de scie bâclé pour finir le job, tout ça à 60 cm du sol... Et avec ma veine légendaire, mon père est passé juste à ce moment là…

« Est-ce que tu es certain que c’est la meilleure façon d’abattre cet arbre ? Il y a d’autres techniques, tu sais, dont certaines permettent de ne pas finir aux urgences… On ne t’a pas prêté une tronçonneuse… ? » Ce qu’il peut m’énerver quand il fait ça…
 
En plus, il faut toujours qu’il ait le dernier mot. « Je ne sais pas si j’ai hérité d’un bon tâcheron, mais d’une tâche tout court, ça c’est sûr… !» Je vous jure, les parents sont parfois d’une ingratitude…

A suivre…

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE – Arbres en(c)roués, mauvais grip, bûcheron lessivé