J'en avais gros sur les rameaux, alors petit coup de gueule !

Petit article paru sur la lettre de l'arboriculture n°52

Un certificat reconnu de suivi de l’arbre

Vous me direz, quelle idée d’établir un tel certificat pour un arbre ! Qu’ils soient Quercus, Fagus ou Cedrus les arbres n’ont pas besoin de l’homme pour être entretenus ; ils le font très bien eux- mêmes, pour des couts défiant toute concurrence. Mais en réfléchissant un peu, c’est plutôt l’homme qui a besoin de l’arbre, un besoin pour lui de s’accaparer un espace de « nature » (là où celle-ci est stoppée par une strate enrobée ou bétonnée), une envie de se sentir pousser des racines.

Lorsque je demande aux gens s’ils aiment les arbres, 99,99% d’entre eux me répondent : « Mais bien sûr, c’est évident ! » et là j’essaie de cerner leur honnêteté ou leur manque d’éducation à l’environnement. Je me rends compte que les gens aiment l’arbre pour ces avantages tels que fournir de l’ombre, cacher un bâtiment industriel, se protéger des voisins ou bien même accrocher une balançoire pour leurs enfants.
Mais l’arbre est aussi source de problèmes, comme ne pas laisser passer la lumière, cacher un magnifique paysage, générer des litiges à cause des branches qui dépassent chez le voisin…. J’identifie plus de problèmes à leurs yeux que d’avantages.

Dès lors, on ne me sortira pas de l’idée que les bonnes gens qui veulent faire « élaguer » leurs arbres le font souvent pour les raisons suivantes.

Trop de feuille (mince alors !), pas assez de lumière (chaud alors !), les fruits qui cabossent les voitures ou infestent les abords (pouah alors !) et ce majestueux trop grand et trop imposant être vivant (arbre alors !)
Mais enfin ces gens là savent ils vraiment ce qu’est un arbre ?

A mon avis l’arbre reste pour eux un objet qui meuble le jardin ou le jardinet souvent trop petit pour accueillir un marronnier, ou pour faire plaisir à un ami dont l’arbre celtique est un chêne. Si bien que monsieur ou madame voudrait un cèdre sans aiguilles dont la taille n’excèderait pas 5 à 7 mètres à l’âge adulte. A vos coupelles chercheurs de l’INRA !

Il est sûr que la taille drastique et la plantation systématique non réfléchie reste un fléau pour l’arbre du XXIe siècle, alors que certains arbres du XXe ont déjà succombé. Ainsi je me rends compte que pour faire accepter l’arbre comme un être vivant auprès des hommes, il faudrait le comparer à soi-même, à sa voiture, à sa chaudière. Je m’explique…

Lorsque l’on arrive sur terre, un carnet de santé nous suit au centimètre et kilogramme près, notre voiture aussi polluante, quelle soit à elle- même un carnet d’entretien et notre bonne vieille chaudière reçoit chaque année une visite certifiant qu’elle n’explosera pas le soir du réveillon de Noël.

Sur ce j’en appelle à tous les arboristes, surtout les grimpeurs, ceux qui sont au plus près des arbres et de ces gens. Ne pourrions- nous pas leur proposer une fiche d’identité de leur arbre depuis la plantation jusqu'à la dernière goutte de sève ?
Sachons leur faire comprendre, outre la réduction, l’éclaircie ou la remontée de couronne que leur arbre a besoin d’être suivi de manière raisonnée. Si cette démarche ne vous paraît pas contraignante, ne pourrait- on pas sensibiliser les propriétaires d’arbres de façon là ? Une sorte de devis- certificat sûrement plus convivial que le forfait élagage à 400 euros la journée !

Notre engagement pour cette mission contre la taille drastique, reste un combat de longue haleine, car nous voyons encore trop d’arbres mutilés le long des routes et à l’intérieur des jardins (publics et privés), et ce malgré une profession bien coordonnée (chercheurs, vulgarisateurs, conseillers et grimpeurs arboristes) et des journées de rencontres autour de l’arbre bien animées.

Alors pourquoi ne pas leur certifier par écrit que leur arbre a avant tout une histoire, un nom latin et qu’il fait partie d’une grande famille. Que son environnement va en premier lieu lui configurer sa silhouette, et que son développement optimal (si contrainte il y a) devra passer par le sécateur, la scie ou la tronçonneuse du praticien formé et attentionné.

Je pense et j’espère que la création d’un certificat reconnu de suivi de l’arbre, rédigé par des personnes compétentes qui se passionnent  pour le métier de l’arbre, pourrait accentuer cette prise de conscience.

Ne léguons pas à nos enfants des portes manteaux à champignons !




Seriez vous prêt à adopter ce devis-certificat ?

Je suis sûr que certains le font (et j'en connais), et qu'ils ont réussi à fidéliser leur clientèle.

Arboricolement.

Dernière modification par Arboricolement votre (29-08-2009 11:08:47)