Je me suis inscrit à cette formation que je voyais plus tard dans ma carrière... Mais envisageable pour pouvoir tenir la distance voulue par notre Jupiter national jusqu'aux 63 voir 64 années terriennes ou plus, je me suis toujours dit que ce métier de gestionnaire de patrimoine arboré était une belle façon de continuer à servir le type de végétal qui sucsite le plus souvent l'admiration de l'Homme, y compris la mienne : l'Arbre.

Pour avoir quelques années d'expérience dans le métier d'élagueur, je peux aussi ajouter que souvent en milieu urbain les arbres m'ont également inspiré pas mal de pitié. En effet je ne compte pas les fois où j'ai été témoin des mauvais traitements et de la négligence dont ils sont victimes :

-Tassement du sol dans les parcs
-Bitumage jusqu'au collet dans les rues
-Chocs de voitures ou d'engins de chantier
-Incivilités (blessures volontaires, empoisonnement...)
-Importance du système racinaire négligée par le BTP et les services municipaux lors de travaux à proximité de vieux sujets
-Arbres plantés au mauvais endroit ou essences inadaptées au lieu où au sol
-Elagueurs précédents peu compétents, travail baclé ou mauvaises préconisations de taille. Arbre mutilé
-Ou pire.. le travail qu'on me demande va mettre leur santé en péril.

Comme vous le savez, la plupart de ses altérations sont irréversibles et amènent souvent à une forte réduction de leur espérance de vie déjà limitée à 80 ans en moyenne en milieu urbain.
D'autre part, je fustige de mon côté une politique certes vielle de plusieurs siècles, qui consiste à planter des alignements entiers de dizaines voir de plusieurs centaines d'arbres de la même essence dans les villes, à l'instar de nos monocultures agricoles ou sylvicoles encore plus agées et dont nous comprenons tout juste les limites et les méfaits sur la santé des sols, mais aussi sur la biodiversité en général.
Le peu de forêts primaires encore présentes nous montrent bien que la nature est faite de manière à favoriser la diversité des essences, dont nous effleuront à peine à ce jour l'importance des intéractions mycorhiziennes entre les individus d'espèces differentes.

Je voudrais de surcroît souligner que nous les élagueurs sommes la première raison de propagation des champignons lignivores (ou non) dans les arbres en milieu urbain. En effet, entre les coupes de gros diamètres que l'on est parfois contraint (ou pas..) d'effectuer ainsi que le non respect des mesures prophylactiques par ignorance, négilgence, manque de temps, de moyens ou de faisabilité pour les gros engins... notre place sur le podium est incontestable... surtout avec des alignements de la même essence à tous les coins de rue.
Le chancre coloré et la récente polémique des platanes du Cours Mirabeau à Aix-En-Provence cette année est un bel exemple de l'ensemble de ces problèmes mais aussi de la nécessité de communiquer avec le public et de bien gérer l'arbre en ville ; de la selection de l'essence à planter selon l'espace disponiible et la nature du sol, en passant par le choix des sujets à la pépinière, sans négliger une plantation et un entretien intelligents et de qualité et pour finir inéluctablement par un abattage dans les règles de l'art avec le matériel adéquat.

La difficulté majeure de ce métier de gestionnaire étant que l'on travaille sur des êtres vivants qui vivent plus lontemps que nous, et que par conséquent il faut reprendre un flambeau pas toujours flamboyant pour les raisons précédentes mais aussi d'autres : la mondialisation, la baisse des dotations de l'état aux communes, des appels d'offre qui tirent les prix et la qualité vers le bas avec des grosses entreprises pas toujours recommandables qui bien souvent elles seules ont la capacité de répondre aux gros marchés publics. Il est de notoriété publique dans le métier de grimpeur que certaines de ces mêmes grosses entreprises pratiquent des petits arrangements entre elles pour remporter tel ou tel marché et ainsi se partager le fromage tel les renards d'une fable d'un célèbre auteur.
Mais cette fois le corbeau (la collectivité qui veut optimiser ses coûts) en plus de lâcher son fromage, se laisse convaincre de la pertinence d'embaucher une equipe de castors malpropres pour entretenir son arbre centenaire sous prétexte que le renard présente une certification QualiBioArbre et qu'il peut fournir des CS de castors même plus présents dans son entreprise d'élagage bio(-destructice).

Bref, ne nous égarons pas.. à la base je venais simplement faire un peu de pub pour la formation. Le centre en a besoin car la session est reportée par manque de candidats. Si comme moi vous êtes demandeurs d'emploi sachez que la formation est financée par la région Occitanie et qu'elle est accessible normalement avec un BTS minimum mais qu'une exception est prévue dans le référenciel si vous disposez d'une expérience professionelle significative. L'outil informatique ne doit pas vous rebuter car une partie du travail consiste à répertorier les arbres sur des logiciels de géomatique en alimentant et en actualisant une base de donnée sur chaque individu. Une synthèse en découlera ainsi qu'une présentation des résultats de manière à justifier auprès des riverains mais aussi des donneurs d'ordres de votre plan de gestion, qui sera adapté et révisé en fonction de l'évolution des infrastructures de la ville et de la santé du parc arboré.

Je concluerai par dire que si vous aussi vous en avez assez de la tawa dans les villes que vous voyez ou qu'on vous fait faire, vous pouvez changer les choses efficacement en plus d'apprendre un nouveau métier en devenant les gestionnaires de demain. Votre message anti-tawa pourra être diffusé au plus grand nombre car vous pourrez vous exprimer sur votre politique et vos décisions avec des supports efficaces (journal de la ville, panneaux d'affichage municipaux, réunions publiques, dialogue avec les riverains, plantation de jeunes arbres avec les enfants des écoles qui formeront leur parents...) Il faut avouer que c'est d'un autre niveau que votre autocollant anti-tawa sur votre voiture ou que votre discours devant le client au pied de l'arbre alors que le devis est déjà signé pour une bonne vieille taille drastique sur un sujet sain qui n'en a pas besoin.

Vous aurez aussi un pouvoir de contrôle sur les entreprises qui remportent les appels d'offre de votre collectivité et pourrez donc efficacement promouvoir les bonnes pratiques dans le respect de l'arbre sans pour autant oublier la réalité du métier et tolérer ou non certaines petites ou grosses entorses à la sécurité que nous nous permettons parfois (que je garderai pour moi pour ne pas jouer mon pendule.. euh ma balance!)

Sur ce... @++ peut-être sur les bancs de l'école !

Dernière modification par Bonzai-Climber (16-10-2018 04:47:34)