Bonjour à tous,

Elagueur à Marseille et à mon compte depuis 14 ans, je voulais juste apporter mon témoignage , simple, sans chichis,pas pour me faire plaindre , juste pour vous rappeler que l'on est des humains et que l'on paye cher l'accident, c'est ce qui m'est arrivé :

Le 12 Novembre 2015, j'ai rendez-vous chez une cliente pour faire une réduction de houppier, apparemment sans difficultés majeures. J'enfile mon harnais, ma longe avec mon maxigliss et c'est parti. Je précise que ce sujet est un vieil Accacia, d'une trentaine d'années, sain de tronc , sans champignon, donc rien qui pouvait présager une quelconque fragilité ligneuse .

Cet arbre d'une hauteur maximale de 6 mètres avait de longues charpentes,mais assez décolorées.
Au départ, je m'étais dit que les plus longues seraient réalisées à la perche motorisées, et puis, on se connait tous, on a l'habitude , on grimpe, on s'accroche à la charpente terminale (diamètre 20 Cm, je précise ), et on rayonne afin que la coupe du bas guide la trame de départ.

Départ des travaux 9 H 30, chute à 9 H 45 ! En moins d'un quart d'heure, ma vie a basculé .

Résultat : Au moment de l'extension de la longe, latéralement , celle-ci est passée à travers le tronc qui était bouffé par les fourmis, j'ai basculé en avant,jeté la MS200 loin de moi, essayé de choper la première branche en dessous pour me rattraper (qui m'a cassé dans la main ) et je me suis écrasé dans l'allée en béton et pas dans le gazon, d'une hauteur de 4 mètres.

3 vertèbres brisées mais je sentais mes jambes, et omoplate cassée !!! Arthrodèse (opération qui consiste à solidariser les vertèbres endommagées par des vis et des plaques ) , 2 doigts paralysés sur la main gauche et d'autres opérations à venir.

Je voulais juste vous faire part, que ce n'est pas ma faute, ni une erreur de jugement et pourtant, je ne suis pas un débutant et je ne sous-estime aucun travail. Je ne suis pas quelqu'un qui n'a d'orgueil sur-dimensionné , je suis toujours resté humble vis à vis du travail.

En fait, il faut toujours rester prudent, garder la maîtrise de soi et surtout ne rien banaliser.
Nos gestes ne sont pas anodins mais malheureusement, il faut "morfler" pour le comprendre .

Tout ça pour vous dire que notre santé n'a pas de prix et qu'en définitive, même quand on a des problèmes de fric et que tout ne roule pas comme l'on voudrait , si vous avez votre corps intact, prenez conscience que tout bascule en une fraction de seconde !

Aujourd'hui, je suis en rééducation et je ne sais même pas encore si je reprendrai . J'ai même oublié ce corps d'avant l'accident, en ce sens, que je ne sais plus ce que c'est, de ne pas avoir mal.

Je sais bien que c'est encore frais, et que le chemin sera long, mais au delà du fait que physiquement on soit affaibli, ça fracasse moralement à un point que je ne soupçonnais pas .

Voilà portez-vous tous bien et réfléchissez à ne pas vous bousiller .


Olivier