La vie est courte...
On a 30 ans et on en est même pas à la moitié. Comme les principes matérialistes et les querelles de clochers sont dérisoires. Comme il est toujours tant de vivre...
On venait de faire un point 10 (mètres) le truc vite fait à côté du 4 X 4, l'abattage de 5 ou 6 accacias de bonne facture, arbres spontanés et situés à l'aplomb de la ligne. On est repartit en pick-up le long d'un champ d'abricotiers à l'endroit même où en saison de récolte passent et repassent des tracteurs pour sortir des pleins bacs de fruits.
Et là après quelques mètres le 4 X 4 part de l'arrière emenant un pan de talus, bascule dans la pente et entame un tonneau. Le collègue à l'avant s'éjecte ou sort par la fenètre qui était alors ouverte. Le conducteur et moi trop surpris et surtout projetés du mauvais côté somme pris au piège. Je me cramponne aux poignées situées au dessus des vitres durant le premier tour.

Comment vous dire... Vous savez que ça va durer... Vous savez qu'il y a une belle pente et que ça va être long, qu'en bas il restera pas grand chose de vous. Surtout très bête comme fin. Trop de choses défilent, un peu dans le désordre je dois dire, pas assez vite, pas calculées, la femme les enfants, la famille, les passions. Vous pensez aussi vite que vous le pouvez mais en fait ça ne va pas assez vite. L'amour, les R.N.A., le travail à la con qui est en train de vous tuer, le temps qu'il faisait aujourd'hui et qu'il devait faire demain, la chaleur trop élevée pour la saison, le 4 X 4 blanc qui sera votre cerceuil, le dernier truc bien et moins bien que vous aurez fait dans votre vie.

Et puis là plus rien, tout s'arrête. Tout c'est ce tonneau, ce tour de 4 X 4 qui s'arrête déjà alors que vous deviez descendre 40, 50 ou 60 mètres plus bas. Oui mais là y'a un arbre qui en a "décidé" autrement. Un accacia pas plus gros que ceux qui vous venez d'abattre qui coince la voiture à quelques mètres du sommet de la pente. J'aurez pu être mort de rire si le collègue passager à l'avant n'avez pas essayé de sortir de la voiture par la fénêtre. Direct le 112, message d'alerte et au devant des secours. Il était figé, allongé au sol pris par une douleur à la jambe et au bassin.

La vie est trop courte, vivez les gars !
Je me suis rendu compte avec cet accident qu'il est toujours trop tard pour aimer, vivre vraiment et oublier parfois que l'on se prend la tête pour des choses futiles :