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Avant de poster (sauf pour la partie offres et demandes d'emploi du forum), présentez vous dans le forum "Présentations". Si vous avez des soucis, n'hésitez pas à me contacter par mail : allolivier2b (arobase) gmail.com. Pour votre "Présentation", n'oubliez pas d'indiquer votre profession (grimpeur, bûcheron ... etc) avec un premier message sympa pour faire connaissance.
Olivier
#13 10-01-2010 15:36:02
- CAPRICORNE
- Chimpanzé
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- Date d'inscription: 28-02-2009
- Messages: 111
Re: stereotype du bucheron
moi aussi
et je rajouterai même encre une autre
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#16 10-01-2010 21:33:47
- sanka
- Petit Polatouche
- Âge: 42
- Date d'inscription: 06-12-2009
- Messages: 607
Re: stereotype du bucheron
ca colle au sujet.
Pedro c'est une bonne caricature que tu nous a fait la!
Pour sauver un arbre, manger un castor !!!
"Henry Prades"
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#17 11-01-2010 09:43:36
- Dom pas la peine
- Membre vénérable
- Lieu: Grand-champ
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Re: stereotype du bucheron
déja entendu mais elle fait toujour rire.
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#18 18-01-2010 13:56:32
- llewelyn
- Invité
Re: stereotype du bucheron
slt
des gens de peu (sa vas bien)
j'arrive pas a extraire la photos avec les gens de peu percher sur les planches sous le lien dessous !
http://jepele.over-blog.com/article-32139139.html
Travaux de la morte saison
À la fin du 19e siècle, un sénateur du Cher disait : « Le bûcheron, c’est l’ouvrier rural, c’est l’ouvrier agricole qui, pendant huit mois de l’année est occupé aux travaux des champs et qui, pendant les quatre mois d’hiver, est occupé au bois et aux quelques travaux d’hiver qu’il peut se procurer » 3. Il semble que c’était déjà le cas entre la fin du 17e et le début du 18e siècle et cela l’était encore au milieu du 20e siècle 4. Durant cette période, les bûcherons sont des saisonniers. Ils vivent dans les bois, sur la coupe qu’ils exécutent, on dit qu’ils « baraquent », du nom de l’abri provisoire 5 qu’ils abandonneront sitôt le chantier terminé 6. Ils s’occupent aussi du débardage quand celui-ci ne demande pas l’intervention de la traction animale. Ainsi en est-il du schlittage 7, méthode de débardage utilisée dans les Vosges 8. Elle permettait, grâce à une espèce de grosse luge, de transporter grumes et stères du lieu de coupe à une place de dépôt. Travail des plus pénibles et des plus dangereux : « Il y avait intérêt à avoir des bonnes chaussures parce qu’on plantait nos talons dans les rondins de la pistes. Si le talon foutait le camp, on était sûr de se faire écraser » (Niels, ETF). Cependant, ces ouvriers ruraux ne sont pas les seuls à intervenir en forêt. Le débardage en plaine était généralement réalisé par les laboureurs, propriétaires de leur outil de travail, qui trouvaient là un emploi hivernal aux bœufs ou chevaux de trait. Eux n’habitaient pas dans les bois, mais pouvaient vivre à côté. « Moi je ne l’ai pas fait, mais j’ai vu des gars le faire. Ceux qui débardaient avec des bœufs ou avec des chevaux, quand ils allaient seulement à dix kilomètres de chez eux, il fallait qu’ils se trouvent une vieille ferme... ils amenaient le foin et tout... S’ils restaient quinze jours, ils amenaient le foin dans une vieille ferme et ils logeaient là, ils ne repartaient pas » (Émile, ETF). La culture des champs étant aussi saisonnière, les paysans trouvent dans l’activité forestière une occupation pour les mois d’hiver. Ils réalisent l’affouage 9 qui prend en général entre deux et quatre mois. Dans cette tâche, ils sont aidés par les saisonniers mais aussi par les professionnels (charbonniers, scieurs de long, etc.) 10. Faire des stères dans les taillis 11 est un travail éprouvant réclamant énormément de main-d’œuvre. Il faut une journée à la hache et à la scie pour faire un stère 12. Et en plus de répondre à leurs besoins, ils fournissaient en bois les villes et industries qui, jusqu’à la fin du 19e siècle, s’en servaient comme principale source d’énergie. Si une partie de l’abattage des bois d’œuvre est réalisée par les artisans du bois – charpentiers, sabotiers, etc. –, l’autre est réalisée par les saisonniers et les paysans. La saison d’abattage, pour les feuillus, s’étale d’octobre à avril et elle est continue pour les résineux. Ceux qui avaient une activité agricole ne pouvaient pas faire des saisons complètes 13, ce qui suppose l’existence d’un groupe se consacrant entièrement aux travaux forestiers. Groupe qui, si nous faisons l’analogie avec les forestiers d’aujourd’hui, devait certainement réaliser les abattages du bois d’œuvre.
Une révolution énergétique et technique
Petit à petit, la houille remplace le bois comme source d’énergie. Si l’abattage du bois d’œuvre reste à réaliser, la récolte de bois de feu ne demande plus autant de bras. C’est la crise des années 1880, privant une grande partie des journaliers de leur occupation hivernale. « Le bois comme combustible décline alors rapidement, même s’il continue à chauffer les foyers ruraux. Les prix s’en ressentent. Moindres rentrées pour les propriétaires, moindres bénéfices pour l’exploitant et, au bout de la chaîne, moindres salaires pour les ouvriers. Les temps sont durs, qu’ils soient spécialistes ou non. Sans compter tous ceux qui restent sur le pavé, du fait de la conversion des usines à feu ! » 14. Cette diminution drastique de la main-d’œuvre permet à ceux qui en réchappent de se sédentariser, la demande de bois d’œuvre et de chauffage étant suffisante pour faire vivre des bûcherons locaux. Même s’ils logent toujours sur leur coupe, car c’est le plus souvent à pied qu’ils vont sur leur lieu de travail, ils ne sont plus itinérants, ils possèdent une maison au village. Actuellement on en trouve encore quelques-uns qui « baraquent » : « la première chose que j’ai faite, c’est d’acheter une caravane. Je l’ai installée sur la coupe et le lendemain, je commençais à bosser » (Anthony, ETF), mais cela n’a plus qu’un caractère temporaire et/ou exceptionnel 15. En revanche jusque dans les années 1960, à cause de l’absence de moyens de locomotion, les cabanes de bûcherons étaient chose courante.
L’accession à la propriété immobilière ne les a guère fait grimper dans l’échelle sociale. « Les "gens du bois" demeurent gens de peu. Exploités par les propriétaires et les marchands, ils sont d’autant plus pauvres que leurs produits sont soumis à rude concurrence. […] Entre 1920 et 1960, la concurrence des produits industriels et l’évolution des modes de vie auront raison de la plupart de ces artisans et travailleurs du bois » 16. Dans de telles conditions, la pluriactivité reste de mise. Si les gens du bois peuvent devenir maçons 17, il semble qu’en Franche-Comté ce soit avec l’agriculture qu’ils aient le plus d’atomes crochus. « On avait [au milieu du 20e siècle] une petite culture, une petite ferme, d’une dizaine d’hectares. Mais en campagne, ça ne suffisait pas à nourrir tout le monde. Il fallait toujours faire un métier annexe à la culture. Tous les bûcherons de l’époque étaient paysans-bûcherons. […] Pour arrondir les fins de mois, il fallait toujours avoir une profession annexe. Et il se trouve qu’on est dans une région boisée, alors ça va de soi d’aller tout de suite dans le bois » (Frédéric, ETF). C’est aussi par l’agriculture, toujours à la même époque, qu’arrive la mécanisation avec les premiers tracteurs agricoles qui servaient en forêt pour le débardage. De même, les années 1960 voient la popularisation de la tronçonneuse. « Je me souviens d’un p’tit vieux qui a vu une tronçonneuse fonctionner, quand il est redescendu au village il a dit : "c’est révolutionnaire". C’est vrai qu’à côté de la petite scie, de la hache ou du passe-partout, elle impressionnait » (Niels, ETF). Cette « révolution technologique » entraîne, elle aussi, une diminution du nombre d’intervenants nécessaire à la réalisation des travaux forestiers, mais elle ne cause pas une hécatombe dans le groupe des forestiers, car si le bûcheron se « modernise », l’agriculteur aussi. « Avec la révolution agricole des années d’après-guerre, l’agriculture se modernise et se spécialise. […] Le métier d’exploitant agricole s’autonomise. Peu à peu l’imbrication forêt/agriculture tend à disparaître » 18.
De ce passé vient une partie de l’image des forestiers 19 actuels : ces travaux pénibles, peu rémunérateurs et dangereux ne peuvent être réalisés que par ceux qui n’ont d’autres choix, que par ceux qui ne savent rien faire d’autre. « Le bûcheron, c’est l’idiot du village, c’est celui qui ne peut que cogner sur les arbres et qui ne sait rien faire d’autre. C’est comme ça que les gens nous voient » (Arthur, ETF).
De l’activité à la profession
Aujourd’hui la pluriactivité se limite au domaine des travaux forestiers et prend le nom de « diversification ». 88 % des ETF font du bûcheronnage, 79 % du débardage et 15 % de la sylviculture. On ne trouve plus que, dans toute la population des ETF, 12 % de pluriactifs ayant une activité étrangère au monde de la forêt telle que maçon, chauffeur de bus, dameur de piste, etc. « Lorsqu’il y a un paquet de neige, on ne peut pas travailler en forêt alors le déneigement, ça permet de rentabiliser le matériel » (Léon, ETF). Cette spécialisation s’explique par les progrès technologiques qui transforment l’activité saisonnière en activité annuelle. « Maintenant [2002] on commence à couper fin août. Dans les années 60, c’était au 15 novembre. Maintenant on termine au 15 avril, qu’avant, fin février, il fallait que ça soit bouclé. Bon, maintenant les bois sont traités au séchoir, ils sont étuvés qu’avant ils étaient séchés naturellement donc il ne fallait pas qu’ils soient en sève pour pouvoir bien se conserver, pour ne pas se tacher. Les menuisiers se servaient de ça pour travailler, ça se travaillait mieux. Alors que maintenant ils ont des séchoirs, le bois rentre dedans et ça va directement au supermarché » (Frédéric, ETF). Une catégorie professionnelle spécifique doit donc s’employer à la réalisation des travaux forestiers. Dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale apparaît un groupe répondant à cette attente : les salariés-tâcherons. Catégorie qui ne naît pas de cette spécialisation mais que cette dernière met en lumière.
Cotisations sociales et professionnalisation
Jusqu’en 1972, au plan de l’exploitation, la filière forêt-bois franc-comtoise est organisée autour de plusieurs acteurs. Les exploitants forestiers, qui sont des commerçants, achètent des bois soit aux propriétaires forestiers, soit aux communes ou encore à l’État, pour les revendre ensuite aux scieries qui les transforment. Scieur et exploitant forestier sont souvent la même personne. Il revient aux scieurs de faire abattre, débarder et transporter les arbres. Les bûcherons ont, à cette époque, un statut de salarié tâcheron très proche, pour ne pas dire équivalent, à celui des journaliers du 19e siècle : salariés à la tâche par les scieurs, leur salaire est calculé en fonction du volume de bois abattu. Les débardeurs, quant à eux, sont des indépendants propriétaires de leur outil de travail, les scieries refusant de supporter le coût du matériel de débardage. Chaque bûcheron et débardeur a, en général, un ou deux employeurs principaux, plus quelques occasionnels. Il revient au propriétaire forestier de faire appel à des sylviculteurs pour s’occuper du devenir de sa forêt. Pour venir en aide aux propriétaires forestiers et les inciter à la sylviculture, les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF) ont été créés en 1963. L’Office national des forêts (ONF) a, lui, été créé en 1964 pour gérer les forêts publiques.
En 1972, une loi oblige à l’adhésion à la Mutualité sociale agricole tous les salariés agricoles, pour qu’ils aient une protection sociale en cas d’accident du travail (AT). Cela fait l’objet d’un appel à cotisation par la MSA et entre dans les « charges patronales ». C’est cette loi qui signe, à en croire la MSA, la fin des salariés tâcherons. Les cotisations AT sont calculées en fonction du risque 20 du travail effectué sur la base du travail déclaré. En cette « année zéro », la MSA réclame une cotisation représentant 7 % du salaire, faisant en cela jouer l’analogie entre bûcherons et salariés des scieries, appliquant aux premiers le même taux qu’aux seconds. Or, il s’est avéré que le taux d’accidents, leur gravité, et le nombre de jours d’arrêt, avaient été largement sous-évalués. Les cotisations AT passent de 7 % du salaire en 1972 à 18 % en 1984. Les scieurs accusent alors leurs salariés d’abuser des avantages de la situation. Selon eux, les bûcherons font beaucoup de travail « au noir ». Travail qui entraîne des accidents que la MSA prend en compte pour recalculer les cotisations supportées par l’employeur. Plus ces dernières augmentent, plus le travail se fait sans être déclaré et plus la MSA doit augmenter ses charges pour arriver à trouver un équilibre entre cotisations et accidents. L’accusation est-elle fondée ? D’après certains informateurs, les scieries seraient à l’origine de la hausse des cotisations étant elles-mêmes principales pourvoyeuses de travail illégal. Toujours est-il que, pour finir, les scieurs préférèrent traiter avec des indépendants plutôt que d’embaucher des tâcherons. Le coût de la protection sociale est au principe de l’externalisation des travaux forestiers par les exploitants. Les analyses de la direction des affaires sociales (DAS) du ministère de l’Agriculture vont dans ce sens : « Il est certain, en effet, que la volonté d’échapper aux contraintes de la législation du travail ainsi qu’au poids des charges sociales a conduit certains employeurs à proposer à leurs salariés des contrats d’entreprise et, corrélativement, à refuser d’embaucher des travailleurs salariés pour effectuer le travail de coupe.[…] Les statistiques montrent que le nombre de bûcherons-entrepreneurs individuels a augmenté de 45 % de 1979 à 1981 » 21. Quelle qu’en soit la cause, la conséquence est un mouvement du salariat vers l’entreprenariat. « On avait de plus en plus de mal à trouver du travail en tant que salarié. J’ai donc franchi le cap, j’ai fait les formalités pour m’installer à mon compte » (Denis, ETF). Ce mouvement est amplifié en 1984, lorsqu’un arrêté stipule que l’employeur est responsable de la sécurité de ses salariés. Ces derniers peuvent se retourner pénalement contre leur employeur pour défaut de sécurité. Les scieurs se révoltent, trouvant injustifié d’être déclarés responsables de salariés dont ils ne maîtrisent pas les faits et gestes, dont ils ne connaissent pas l’emploi du temps. Comme le bûcheron est libre dans l’organisation de son travail, en cas d’accident, l’employeur n’est jamais sûr qu’il s’est effectivement déroulé sur son chantier.
On assiste dès lors à une accélération du mouvement. Les scieurs incitent leurs salariés à devenir indépendants, à devenir ETF. « La plupart des employeurs préféreraient avoir affaire à des entrepreneurs ; certains demandent avec plus ou moins de vigueur à leurs salariés de devenir entrepreneurs ; des réunions sont organisées pour vanter les avantages de l’entreprise. Parfois même, un chantage à l’emploi est exercé » 22. Il suffit en effet à l’employeur de ne faire appel qu’à des entrepreneurs, pour que ses salariés soient obligés de changer de statut. Il n’y a aucun contrat liant, dans la durée, un scieur et un salarié-tâcheron. Et les avantages pour les scieurs de devenir les clients d’un entrepreneur sont indéniables. Ils ne seraient plus justiciables en cas d’accident sur une coupe dont ils sont les propriétaires. Ils n’auraient plus à supporter les cotisations MSA, les frais de gestion, etc. « Avant il devait faire des feuilles de paye, qu’il fasse des déclarations à droite à gauche, le Trésor, la MSA… Il devait payer des congés, il devait payer une secrétaire pour faire tout ça, ça faisait du boulot en plus pour le comptable. Maintenant, il nous paye pas plus cher et il a juste à faire une facture, à faire un chèque et, pof, on n’en parle plus » (David, ETF). En revanche, les salariés tâcherons n’y trouvent pas les mêmes avantages : ils doivent s’assurer contre les risques – ce qui leur revient très cher –, il leur faut apprendre à gérer leur entreprise, leur comptabilité, etc. Même s’ils ne réalisent que rarement les travaux administratifs, les déléguant volontiers à leur conjoint 23, il n’en reste pas moins que le changement de statut n’a rien d’évident pour des individus ayant été salariés toute leur vie. Cela pousse certains anciens employeurs à aider les nouveaux entrepreneurs à faire face à ces nouvelles responsabilités, en offrant, par exemple, gracieusement les services de leur comptable.
Un marché du travail ouvert
En 1984, la situation est la suivante : les employeurs ne veulent avoir affaire qu’à des entrepreneurs, et les salariés sont réticents au changement de statut. Ces derniers auraient pu se mettre en grève ou refuser collectivement de devenir entrepreneurs, il aurait pu y avoir une négociation entre employeurs et salariés, mais le marché des travaux forestiers est complètement ouvert 24. En effet, pour devenir entrepreneur de travaux forestiers, une simple inscription dans une chambre consulaire – à la chambre des métiers avant 1984, puis à la chambre du commerce et de l’industrie 25 –, et l’affiliation en tant que bûcheron, débardeur ou sylviculteur à la MSA sont les seules démarches à faire. Il n’y a aucune exigence de diplôme ou d’expérience, ce qui fait dire à l’un de nos informateurs : « Tout le monde pouvait devenir ETF, même sans qualification. Ils ne faisaient pas du bon travail… » (MSA). Cette arrivée massive, sur le marché des travaux forestiers, de personnel non qualifié oblige les salariés tâcherons à se mettre à leur compte pour faire face à la concurrence. Sans nier la réalité de cette dernière, elle ne s’applique pas dans les mêmes proportions à tous les secteurs des travaux forestiers. Si les scieurs ne veulent plus supporter les charges inhérentes au salariat, ils ne sont pas prêts à ne plus traiter avec leurs anciens salariés. Faire des économies est une chose, encore faut-il pouvoir les conserver. « Un scieur peut acheter des bouts de bois à vingt milles balles [3 000 euros] le mètre cube debout, il ne va pas les confier au premier venu, ça ne l’intéresse pas d’en faire du bois de chauffage » (Niels, ETF). Un salarié de la MSA nous dit : « Ceux qui sont vraiment bons, ils sont restés très longtemps salariés des scieries ». Ce n’est pas le marché du travail dans sa totalité qui est ouvert, mais seulement la partie qui exploite des bois de moindre importance. L’abattage des bois de valeur est toujours accompli par les salariés car ce qui est important dans cette opération, c’est l’intégrité du fût. Si ce dernier éclate en touchant le sol, son propriétaire ne pourra le valoriser qu’en bois de chauffage. Ce qui, à 3 000 euros le mètre cube, fait cher du stère. Les salariés ne sont pas sur ce domaine en concurrence avec les nouveaux venus.
En revanche, en ce qui concerne les bois de chauffage ou de trituration, peu importe leur état après abattage. Ce n’est pas la qualité du travail qui est ici intéressante mais le rapport coût/bénéfice pour l’exploitant. Il fait alors appel à des entrepreneurs pour ne pas payer de charges. Faute d’expérience, leur rendement est moins important que celui des salariés, mais cela est compensé par le fait que cette moindre compétence autorise l’exploitant à baisser ses prix. Cette situation ne dure pas très longtemps, les salariés deviennent assez rapidement entrepreneurs à leur tour car l’abattage du bois d’œuvre ne leur suffit pas pour vivre. Ils ont aussi besoin de faire « du moins beau boulot pour tourner correctement » (Anthony, ETF). Même ceux qui auraient pu rester salariés – leur patron achetant suffisamment de bois d’œuvre pour les faire travailler à l’année – vivent dans l’incertitude des lendemains. Ils ne sont jamais complètement sûrs d’avoir systématiquement un nouveau contrat à la fin de chaque chantier. « Quand tu vois tous les copains devenir artisans autour de toi, tu te dis : "est-ce que je vais encore avoir du boulot demain" ? » (Pierre, ETF). Alors pour avoir un avenir plus serein, la solution s’impose d’elle-même : « On ne veut plus de salarié, on veut surtout des entreprises et j’ai dû faire comme les autres : me mettre à mon compte. Je suis donc devenu entrepreneur » (Julien, ETF).
La MSA ferme le marché du travail
C’est à la MSA que l’afflux de personnel non qualifié a posé le plus de problèmes. Rares étaient les entreprises nouvellement créées, par d’autres que les anciens salariés, à survivre à plus de deux années d’exercice. « Mais [un inspecteur de la MSA] me disait que le problème, c’est […] qu’il y a des gens qui se lancent, comme ça, dans le bûcheronnage. Ils vont chez B. [magasin spécialisé], ils achètent une tronçonneuse, ils ne savent pas où ils vont. Alors ce qui leur fait le plus mal à la MSA, c’est qu’au bout d’un an, ils sont en faillite ou ils vont arrêter. Et les cotisations, ils ne peuvent plus les récupérer puisque le gars ne gagne plus rien » (Gérald, ETF). De plus, au fur et à mesure que les anciens salariés se transforment en ETF, les exploitants ne traitent plus qu’avec eux, abandonnant les ETF sans expérience. Sans travail, ces derniers déposent leur bilan. Une note de la DAS du ministère de l’Agriculture se fait l’écho des problèmes de la MSA quant à ses cotisations : « De nombreux bûcherons qui se sont installés comme travailleurs indépendants n’avaient pas la compétence nécessaire pour gérer leur entreprise. C’est ainsi que, dans certaines régions, la durée de vie de telles entreprises n’a pas excédé 12 à 18 mois et que leur dissolution s’est traduite par un montant de cotisation irrecouvré parfois important » 26.
Pour y remédier, le décret du 6 août 1986 instaure une commission dite « de levée de présomption de salariat » 27. D’après l’article 1147-1 du Code rural, toute personne occupée, moyennant rémunération, dans les exploitations ou les entreprises de travaux forestiers mentionnées au 3e alinéa de l’article 1144, est présumée bénéficier d’un contrat de travail. Il y a « présomption de salariat ». Pour être entrepreneur, il faut donc passer devant la commission de levée de présomption de salariat qui vérifie si l’intéressé satisfait aux deux conditions cumulatives de « capacité ou d’expérience professionnelle, et d’autonomie de fonctionnement » 28. « Ce n’est qu’après avis de la commission départementale que la MSA, qui demeure seule compétente en la matière, se prononce sur l’affiliation de la personne concernée en qualité de non salarié, c’est-à-dire en tant qu’entrepreneur de travaux forestiers » 29. Ce décret du 6 août 1986 empêche ceux qui n’ont pour tout bagage qu’une tronçonneuse de s’installer, en imposant une capacité ou une expérience professionnelle minimale. En vérifiant l’autonomie de fonctionnement de l’entreprise, la commission cherche à protéger les entrepreneurs. S’ils n’ont qu’un seul client – leur ancien patron par exemple – il s’agit de salariat déguisé. Le client est alors sommé de faire un contrat de travail à son salarié de fait et ce avec un effet rétroactif (remboursement des cotisations MSA, paiement de congés payés, etc.). Les conditions de capacité ou d’expérience, réclament soit de posséder un diplôme – brevet professionnel agricole (BPA) ou brevet d’études professionnelles agricoles (BEPA), diplômes créés après 1975 – soit de justifier de trois années d’expérience en tant que salarié. « Quand quelqu’un me téléphone en me demandant ce qu’il faut pour être ETF, je lui demande : "Avez-vous déjà travaillé dans le bois ?". S’il me répond : "Oui, j’ai fait l’affouage de mes parents", je lui dis que ce n’est même pas la peine de se présenter, que son installation ne recevra pas un avis favorable de la commission. Il faut avoir un diplôme et de la pratique pour devenir ETF, il faut avoir de l’expérience » (salariée MSA en charge des commissions de levée de présomption de salariat). Les activités professionnelles des ETF sont reconnues, leurs pratiques s’inscrivent dans un processus de professionnalisation. Processus qui protège les professionnels contre les incursions d’amateurs dans leur domaine d’activité, mais qui protège surtout la MSA car si les ETF qui s’installent sont plus aptes à survivre à l’exercice de leur profession – de manière économique ou physique –, ils pourront payer leurs cotisations.
La MSA est à l’initiative de la structuration de la population des ETF, processus repris aujourd’hui par les ETF eux-mêmes : création, dans le Jura en 1988, du Comité d’amélioration et de défense des travailleurs forestiers (CADETRAF), défini comme étant « la première initiative [allant dans le sens] de la structuration de la profession » ; en 1992, le CADETRAF se transforme en Syndicat régional des entrepreneurs de travaux forestiers (SRETF) et se rattache « à la FNSETF [Fédération nationale des syndicats d’entrepreneurs de travaux forestiers], présente dans la plupart des régions forestières » ; en 1994, la SRETF « avec l’appui du SRFOB [Service régional de la forêt et du bois] et du CFPPA [Centre de formation professionnelle pour adulte] de Châteaufarine [crée l’association] "Pro Forêt", destinée à mettre en place des actions de développement au bénéfice des ETF » 30 ; en 2002, la FNSETF se fond dans la Fédération nationale des entreprises de travaux ruraux, agricoles et forestiers (FNETARF).
Les ETF et les autres
Devenus entrepreneurs malgré eux, ils prennent en main leur avenir professionnel. Pour cela, ils doivent définir ce qu’est un entrepreneur de travaux forestier et délégitimer tous ceux qui n’entrent pas dans les critères de cette définition.
Tracer des frontières
Affublés d’une image d’« hommes des bois » 31, les ETF désirent conquérir une identité sociale plus valorisante. Le temps est loin, disent-ils, où le forestier était celui qui ne trouvait à s’employer que dans les bois. « Mais le bûcheron, c’était rien, c’étaient des gens qui étaient considérés comme rien du tout. Le bûcheron, il allait au bois, il emmenait sa bouteille. C’est un peu celui qui ne savait rien faire. Alors que… Aujourd’hui, avec la gérance qu’il faut… Il faut savoir gérer, il faut avoir du boulot toute l’année, faut savoir ce qu’on fait » (David, ETF). À la différence de l’homme des bois, l’entrepreneur n’exerce pas cette activité en désespoir de cause, il est compétent. Au fait de ses intérêts, il s’engage « dans une démarche de progrès. […] Gérer la forêt et son environnement, son entretien, la récolte forestière et ses activités dérivées demande aujourd’hui de rassembler des professionnels soucieux de qualité, de respect des exploitations et ouverts aux nouveaux services » 32. Ainsi se dessine un entrepreneur citoyen, travaillant au développement durable de la forêt. Apte à calculer ses tarifs en fonction des difficultés des chantiers à réaliser, il ne sera pas pressé par le temps pour gagner sa vie et exécutera une prestation de qualité.
Cet ancrage dans une problématique environnementale est indispensable au groupe : comme toute profession, les ETF ne s’inscrivent pas hors du monde, ils doivent tenir compte des attentes de la société. Cette dernière a peur pour la nature qu’elle sent menacée 33 et, par extension, souhaite protéger sa forêt 34. Le mouvement de structuration de la profession passe alors par un changement d’image visant à scinder les intervenants forestiers en deux groupes : ceux qui sont ETF et ceux qui ne le sont pas. « Le concept de "profession" dans notre société n’est pas tant un terme descriptif qu’un jugement de valeur et de prestige. […] La tendance à la "professionnalisation" d’un métier correspond […] à la mobilité collective d’une partie de ses membres. Débarrasser le métier de ceux qui ne sont pas assez mobiles pour suivre ce changement est l’un des objectifs de ce mouvement » 35. Les « non professionnels » regroupent aussi bien l’amateur que l’ETF soupçonné de ne pas avoir réellement suivi le mouvement d’entrepreneurisation, c’est-à-dire d’être resté salarié-tâcheron. Pro Forêt et la SRETF 36 ont pour objectif de propager et de défendre le modèle professionnel auprès des différents acteurs de la filière forêt-bois et de la société dans son ensemble. Elles construisent un discours présentant des entreprises économiques – « Parce que le but premier d’une entreprise, c’est quand même de faire des bénéfices » (Denis, ETF) – soucieuses de gestion durable et même profitable à un développement environnemental harmonieux. Leur image, petit à petit, se rapproche de ce qu’attend l’opinion publique ou, plus exactement, la profession se donne une définition qui comble les attentes. Car, si la population sait ce qu’elle veut – en l’occurrence ici, que l’on sauvegarde la forêt – les moyens d’y parvenir restent libres dans une très large mesure. Aux professions alors de définir ces moyens en veillant à ce qu’ils soient en adéquation avec les desiderata sociaux. Il s’agit bien ici d’une construction sociale, le professionnel étant celui qui correspond aux critères énoncés par les organisations professionnelles, organisations qui établissent le juste et écartent l’inacceptable 37.
Pourtant d’autres voix s’élèvent, proposant d’autres modèles, mais elles peinent à se faire entendre. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit à chaque fois de discours isolés, qui peuvent être identiques entre eux mais qui ne possèdent pas de structures collectives pour s’exprimer. La seule voix considérée comme légitime est celle qui s’exprime. « Ceux qui dominent les associations professionnelles dominent aussi les organes de relations publiques. Ils prennent le rôle de porte-parole auprès du public, interprétant selon leur point de vue la position de la profession » 38. Hors de Pro-Forêt et de la SRETF, il n’existe aucune autre organisation professionnelle. Si cela avait été le cas, la définition de ce qu’est un « vrai » ETF serait certainement différente.
La rhétorique aujourd’hui mise en place par ces « vrais » ETF vise à se débarrasser de deux parties de leur population : les « amateurs » et les « retardataires ».
Les « amateurs »
Lors d’une formation à destination des ETF, un agent de l’ONF se faisait l’écho de critiques portant sur la qualité de leurs travaux. La réponse du président de la SRETF fut : « Quand il n’y aura plus que des professionnels en forêt, il n’y aura plus de problèmes ». Technique du bouc émissaire ? Certainement, mais derrière se profile l’établissement de frontières professionnelles. Ces frontières, pour être justifiées, doivent reposer sur une particularité propre au groupe. Comme pour toute profession, les membres vont plaider pour une insubstituabilité de leur savoir 39. Il faut une certaine technicité pour réaliser des travaux d’abattage, de débardage. Croire le contraire, c’est courir à l’accident humain ou matériel. « Il y en a qui ne s’embêtent pas à faire une entaille directionnelle. Ils prennent leur tronçonneuse et tournent autour de l’arbre. Après ils s’étonnent d’avoir un accident » (Agent de la MSA, service de la prévention des risques). Comme le veut la rhétorique du groupe des ETF : seul le professionnel n’a pas d’accident 40. Ne seront alors habilités à exercer que les dépositaires de cette compétence, professionnels reconnus comme tels par leurs pairs. Pro Forêt et la SRETF ont ici un allié de taille en l’institution de formation professionnelle : toutes trois véhiculent la même image de ce que doit être un « bon » ETF. Ils tenteront d’exclure ceux qui ne correspondent pas à cette image, au prétexte qu’ils ne répondent pas aux normes de compétence actuellement en vigueur. Les autorités, à travers l’ONF, prennent note de cette revendication et laissent faire. « On ne va quand même pas interdire à un agriculteur d’aller faire son bois. On est obligé de tenir compte des traditions aussi » (un agent de l’ONF). Si l’obligation de diplôme est efficace pour sélectionner les nouveaux entrants sur le marché du travail, il n’en est pas de même pour ceux qui y sont déjà installés.
La catégorie définie par les ETF comme étant des amateurs regroupe : les agriculteurs travaillant en forêt et qui voient là un débouché professionnel pour une activité qu’ils pratiquent en privé, nombre d’entre eux étant propriétaires de parcelles boisées 41 ; les travailleurs fournissant un travail non déclaré et qui « cassent » les prix ; les doubles-actifs ayant une activité qu’ils complètent par un travail forestier. La lutte pour la définition des frontières du territoire professionnel est une lutte politique et l’exemple suivant le montre bien. À part quelques grumes destinées à l’autoconsommation 42 dans la construction ou la rénovation de hangars, de granges, les agriculteurs ne font que des stères de bois de chauffage. Il en va de même pour les doubles-actifs et les travailleurs illégaux, en général des ouvriers d’usine qui viennent chercher en forêt un complément à leur salaire. À part les rares entreprises équipées d’abatteuses, les ETF se désintéressent totalement du façonnage de stères, « bien trop fatigant pour ce que c’est rentable » (Arthur, ETF). Si les non-ETF sont accusés de casser les prix, raison pour laquelle les ETF ne feraient pas de stères, il n’en reste pas moins que, chez les ETF, personne ne veut de ce travail. Ou alors en été, pour faire la jonction entre deux saisons d’abattage. Et dans ce cadre, ils sont très loin d’épuiser la demande en bois de chauffage. Cependant, celui-ci est un produit de la forêt, et comme tel, il relève de la compétence des ETF. La réalisation des stères est alors un point de cristallisation des luttes de légitimité. Pour les ETF bien installés, il s’agit là « du sale boulot » 43, si eux-mêmes ne le font pas, ils le délèguent mais à des membres de leur monde professionnel et non à des ouvriers ou des agriculteurs. L’enjeu pour les ETF est de se faire reconnaître comme seuls légitimes dans la réalisation des stères, pas tant pour conserver cette activité économique que pour repousser d’éventuels envahisseurs. En effet, en ces temps de crise agricole, qui dit qu’après les stères, les cultivateurs ne vont pas avoir des velléités sylvicoles ? Après tout, la sylviculture est l’art de cultiver des arbres, est-ce si différent des autres cultures ?
Les « retardataires »
La deuxième population sur la sellette est celle soupçonnée de ne pouvoir suivre le mouvement de professionnalisation. Pour être ETF, selon les producteurs de la norme, il faut adhérer à une représentation commune de ce que sont les ETF. Et cette dernière les définit comme étant « des entrepreneurs de travaux forestiers qui sont à l’écoute de ce qui se passe dans la profession. Ils sont souvent très performants. Toute nouvelle voie ou qualification les intéresse. […] Ils ont su se diversifier pour faire face à la concurrence et ne pas subir les périodes creuses. Par le sérieux de leur travail et leurs compétences, ils sont devenus de vrais entrepreneurs de travaux forestiers » 44. À côté de l’« entrepreneur », on trouve toute une population qui s’éloigne de cet idéal. Ces membres « vivent de leur boulot, le travail ne leur fait pas peur. […] Ils sont au maximum de leur rendement. Ils sont très appréciés des "gros" donneurs d’ouvrages. Ceux-ci ont confiance en eux et surtout ils peuvent toujours compter dessus. Les "bosseurs" n’adhérent pas toujours aux nouvelles orientations de la profession » 45.
Il s’agit ici de « présentation de soi » 46 et cette présentation donne à voir, en négatif, toute une population stigmatisée comme « en retard » 47. Cette population suit une autre voie que « les nouvelles orientations de la profession », et cette voie n’est autre que celle du salariat, car « dans la pratique rien n’a changé » 48. Et si rien n’a changé, ils ne peuvent pas répondre aux nouvelles exigences professionnelles. Ou ils s’adaptent ou ils disparaissent. C’est le même mouvement qui a entraîné La fin des paysans 49 et qui les a transformés « en agriculteur puis en chef d’exploitation agricole » 50. Le journalier est devenu bûcheron, transformant une activité saisonnière en activité annuelle, mais il court à son tour à sa fin en devenant entrepreneur de travaux forestiers. Le glissement linguistique n’est pas anodin et permet de consommer la séparation existant entre un avant et un après, entre salarié-tâcheron (pour les distinguer des salariés des ETF) et entrepreneur, entre inadapté et adapté, entre amateur et professionnel. L’entrepreneur, parce qu’il est entrepreneur et pas uniquement bûcheron, débardeur ou sylviculteur, est légitime pour intervenir en forêt. Il n’est pas l’homme des bois qu’étaient éventuellement ses ancêtres, il a bien d’autres qualités, notamment dans les domaines de la gestion, de l’informatique, du commerce, etc. Ainsi, le nouvel ETF reprend à son compte la construction stigmatisante des hommes travaillant dans les bois pour l’appliquer au groupe des "retardataires". Groupe construit comme reliquat de ce passé lointain où il fallait plus de force que d’intelligence pour arriver au bout de la tâche demandée. L’ETF n’appartient plus à un état de nature, il s’est libéré du naturel dirait Jean-Pierre Darré 51, il est passé du côté de la culture, à la différence des autres. La participation à une démarche visant à valoriser la qualité des travaux réalisés dans le respect de l’environnement est une manière pour les « vrais » ETF de se distinguer de ceux qui ne sont pas « réellement » entrepreneurs. « À l’heure de l’authentification de la gestion durable et de l’éco-certification, les ETF francs-comtois entendent assurer et certifier qu’ils exercent bien un métier de qualité » 52. Remarquons qu’être un professionnel respectueux de l’environnement, cela ne s’apprend pas en formation. « Il faut dire aussi, la démarche qualité, la qualité du travail… On ne fait quand même pas beaucoup de formation autour du travail sur le terrain. D’abord on n’en fait pas, de la formation à la tronçonneuse. C’est plus de la formation théorique : comment se vendre, comment il faut faire, comment juger un client, tout ça quoi » (Stéphane, ETF). En revanche, on y apprend à devenir un « bon » entrepreneur.
* * *
Que de changements, au moins au niveau de la forme, depuis le temps où les journaliers vendaient leur force de travail à la tâche ! Les différentes révolutions, énergétique et technique, les ont sédentarisés, transformant « celui qui n’avait pas bien de métier » en travailleur forestier, salarié-tâcheron aux ordres d’exploitants forestiers. Le dernier mouvement initié par la MSA fait d’eux des entrepreneurs. Cependant cette métamorphose ne va pas sans quelques difficultés. Ils sont rattrapés par l’histoire de leurs métiers et notamment, ce qui est handicapant, par l’image de sauvagerie qui leur est accolée. « "C’était des hommes des bois quoi !", comme s’il désignait là une espèce singulière chez l’homo sapiens » 53. La forêt déshumanise ; leur comportement supposé d’ivrognes bagarreurs semble le prouver. Ils doivent alors devenir honorables s’ils veulent pouvoir répondre aux inquiétudes formulées par l’opinion publique quant à son environnement. Si les forêts sont les ultimes poches de nature, il est hors de question de les confier à des « Sauvages ». Et quoi de plus moderne qu’un entrepreneur ? En donnant à voir à la population, par l’intermédiaire d’associations professionnelles, qu’ils sont des entrepreneurs citoyens, œuvrant dans l’intérêt général et non à leur seul profit, ils se construisent une image en adéquation avec les attentes de la société.
C’est à la création d’un « nous ETF », d’une identité collective, que travaillent les associations professionnelles. Et ce « nous » est exclusif : « Je remercie les ETF qui nous [SRETF] font confiance et je souhaite vivement que les entreprises qui ne voulaient pas adhérer revoient leur copie et nous rejoignent. Nous ne pourrons pas avoir éternellement des "pique-assiette" au sein de notre profession » 54. Cette identité repose sur la « modernité » et les savoirs. Sur la « modernité » pour exclure ceux qui ne suivent pas les évolutions (les « retardataires ») ; sur le savoir pour exclure ceux qui ne font pas partie du monde des travaux forestiers (les « amateurs »). Ce qu’il est intéressant de remarquer ici, c’est que cette identité collective était il y a peu inexistante. « Les bûcherons n’ont pas de saint patron […]. Il n’existe pas davantage de chansons spécifiques aux forestiers. […] Au fond, et c’est là l’essentiel, […] on ne perçoit pas de signes tangibles d’une forte identité bûcheronne. […] Vie de labeur, de restriction… Vie précaire de prolétaire » 55. S’ils sont encore des « gens de peu », l’apparition de cette identité collective et la structuration qu’elle implique pourraient bien changer la donne, dans un sens qui n’est pas encore tout à fait défini.
extrait d'ici
http://ruralia.revues.org/document1084.html
Dernière modification par llewelyn (18-01-2010 14:00:44)
#19 02-02-2010 19:20:31
- GIBUS
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Re: stereotype du bucheron
Salut tout le monde
Je suis bucheron et fier de l'être, j'ai une brouette d'examens divers et variés et en plus j'adore les castors.
Alors l'on m'a envoyé ceci :
Pas mal comme stéréotype
Amicalement GIBUS
J'étais au milieu de la forêt, il y avait deux chemins devant moi, j'ai pris celui qui était le moins emprunté, et là, ma vie a commencé.
Robert Lee Frost
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#20 09-02-2010 18:14:21
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Re: stereotype du bucheron
Salut tout le monde
Je remet l'image car je crois que l'autre jour cela n'a pas marché.
Question :
Qu'elle est la marque du pick up?
Amicalement GIBUS
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#21 09-02-2010 18:25:33
Re: stereotype du bucheron
Ca marche toujours pas
Il est payant parfois de savoir prendre son temps. Les tronches défaites du bâfreur hâtif et de l'éjaculateur précoce sont éloquentes à cet égard.
Pierre Desproges
http://foretsetplantesdujura.wifeo.com/
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#22 09-02-2010 18:59:59
- daminown le russe
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Re: stereotype du bucheron
Euh..si
"Si tes résultats ne sont pas à la hauteur de tes espérances, dis toi que le Grand Chêne aussi, un jour, a été un gland."
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#23 11-02-2010 17:54:57
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Re: stereotype du bucheron
Bonsoir à tous
Je pense que la tronçonneuse est une jonsered!
Mais pour le pickup??????
J'étais au milieu de la forêt, il y avait deux chemins devant moi, j'ai pris celui qui était le moins emprunté, et là, ma vie a commencé.
Robert Lee Frost
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#24 11-02-2010 18:39:54
- jeanjean
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Re: stereotype du bucheron
Peut-etre un ford...Par contre pour les castors je vous l'avais bien dit:
La chute d'arbres serait la première cause de mortalité chez les castors...
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