Quand la charnière guide la chute d'un arbre, ce sont ses extrémités qui travaillent le plus. Le perçage à coeur coupe la charnière uniquement dans sa partie centrale, celle qui travaille le moins. L'abattage n'est pas plus dangereux pour autant puisque les extrémités sont toujours là pour guider la bille. Au besoin, on peut leur laisser un peu de gras (épaisseur) pour ne pas trop les affaiblir.

Avec le perçage à coeur, le plus gros bénéfice est la suppression sur une bonne partie de la bille des tensions internes :

Technique d'abattage classique, quand l'arbre commence à basculer, les fibres de bois intactes juste devant le trait d'abattage se tendent fortement. Par contre, les fibres de bois que l'on est en train de sectionner se détendent brutalement. L'opposition croissante de ces deux catégories de fibres sur une distance infime va jusqu'à l'apparition d'une fente de décollement qui se propage de proche en proche. Le tronc éclate en deux. Risque mortel.

Avec le perçage à coeur, une bonne moitié des fibres tendues ne le sont plus car déjà coupées au préalable. La zone tendue se limite à l'arrière des restes latéraux de la charnière, et en plus, elle séparée en deux par une large portion de bois au repos qui contrarie l'apparition de la fente. La bille a beaucoup moins de risques de se fendre.

Deuxième phase:
Quand l'entaille se referme, il y a un pic de tension énorme qui arrache la charnière. Des dizaines de fentes apparaissent en traversde la bille, extrayant des paquets de fibres qui restent accrochés à la souche.
Il y a là encore un grand risque d'éclatement du tronc, peut-être le plus important. Avec le perçage à coeur, la charnière réduite casse plus facilement, diminuant d'autant le pic de tension et le risque d'apparition d'une fente généralisée. Autre avantage, le peigne est limité aux extrémités de charnière puisque le reste est coupé "proprement".

La bille reste intacte, pas de perte de valeur pour les grumes. Et surtout, comportement prévisible de l'arbre qui rend son abattage moins dangereux.


Marc-Antoine

Dernière modification par Marc-Antoine (13-09-2008 23:39:26)

y a un peigne a chaque abattage, c est ce qui reste de la charniere...

zarbres a écrit:

Si l'arbre ne penche pas, ya il quand même des risques d 'éclatement ou de peigne?

Oui, l'arbre peut pencher ou avoir un un tronc droit mais un houppier déséquilibré (arbre de lisière), le résultat est le même, une grande partie de la masse est en porte-à-faux par rapport à la souche, générant une forte tension en permanence au sein du tronc. Dès que l'on commence à tailler les fibres tendues, celles qui restent se tendent de plus en plus pour reprendre la charge. jusqu'à dépasser la force de cohésion du tronc.

Autre cas possible, un tronc bien droit, équilibré, mais avec une entaille trop étroite. Celle-ci se ferme trop tôt alors que l'arbre n'a pas pris assez de vitesse pour casser net la charnière. Le tronc s'arrête en cours de route alors que son houppier continue à l'entraîner vers le sol. Le tronc se cintre, la tension grimpe, grimpe, grimpe. La fente à le temps de se mettre en place et de se propager. Et crac.


Marc-Antoine

C'est dans ces là ou ce srait utile d'avoir un bloc note sur le forum...
T'en penses quoi olive?

Bonsoir tout le monde

Marc-Antoine a extrèmement bien expliqué pourquoi on pratique le perçage à coeur.
Au contraire de certaines craintes, le perçage à coeur est une nécessité dès que l'on fait du gros diamètre et ce peu importe l'essence du bois ou de la taille du guide. Ceci est d'autant plus vrai avec des essences tendres tel que le frêne, le peuplier etc...
Les gros avantages de cette techniques sont la sécurité de l'abatteur en cas de fendage de grûme, la taille des peignes est minime et on préserve également la qualité de l'abattage donc du bois.
Lorsque l'on maitrise cette technique, le recipage de grûme devient exceptionnel ce qui permet d'avoir un cubage maximum que de perdre quelques centimètre pour avoir eu un début de fendage, un arrachement ou un peigne profond.
Cette façon de faire apporte une sécurité supplémentaire pour les arbres penchés et lorsque l'on est obligé de câbler. On peut utiliser cette technique sur des arbres de moyennes sections dès lors qu'il y a assez de place pour laisser une charnière suffisante.
Il suffit d'aller dans une scierie car il arrive fréquement de voir une grûme qui a été faite sans cette technique car la fibre est distendue au coeur sur les premiers centimètres et il arrive même parfois d'avoir des fentes de bois tellement la tension centrale a été importante pendant l'abattage.

Amicalement GIBUS