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Avant de poster (sauf pour la partie offres et demandes d'emploi du forum), présentez vous dans le forum "Présentations". Si vous avez des soucis, n'hésitez pas à me contacter par mail : allolivier2b (arobase) gmail.com. Pour votre "Présentation", n'oubliez pas d'indiquer votre profession (grimpeur, bûcheron ... etc) avec un premier message sympa pour faire connaissance.
Olivier
#25 14-07-2008 11:11:44
- st20
- Modérateur
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Le nucléaire est le suicide de l'humanitée, c'est certain, 24440 est la 1/2 vie, c'est à dire que la moitié des noyaux ne seront plus radioactif, tout les conteneurs à déchets tiendront-ils plus de 40 000 ans, est-ce que les hommes les surveilleront-ils pendant 40000 ans ? Genre "putain; tu te rappelles où on les a foutus ces conteneurs ?" "t'es fou, ça fait plus de 10000 ans !"
Le reste, c'est discussion stérile...
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14-07-2008 11:11:44
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- Faire vivre le forum
#26 14-07-2008 11:44:11
- sambala
- Chimpanzé
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Ce sont les mentalités et la société qu'il va falloir bouleverser pour pouvoir arriver à tous cohabiter sur la planète ...
L'énergie est de plus en plus couteuse à produire et malgré l'enrichissement des sociétés, de moins en moins de personne y ont accès ...
La production d'énergie augmente la pollution ou le risque de pollution de notre environnement ...
Et pourtant, les programmes de développement industriels font qu'on continue à bétonner les villes, à multiplier les réseaux et les infrastructures routières ...
On parle de réduire les déchets ménagers et en même temps on privilégie le sur emballage des produits de consommation ménagère ...
La spéculation boursière affame le peuple, et pourtant on continue à développer des systèmes d'élevage industriel et de monoculture où les multinationales tirent toujours plus de profit ...
Au JT de 20 h on nous démontre qu'il y a toujours pire ailleurs ...
Le malheur des uns fait la richesse des autres ...
Consommer plus, gagner plus ...
Tant qu'on sera dans ce système, on sacrifiera une tranche de la population au profit d'une communauté élitiste ...
Aujourd'hui nous prenons conscience de ça et pour se dédouaner de notre responsabilité, on parle de développement durable, on culpabilise nos enfants dans leur éducation et on prétend "civiliser" les pays sous développé et en voix de développement, en leur apprenant que la planète est précieuse et que quand ils seront grands, il ne faudra pas la gaspiller comme nous nous l'avons fait ... et le faisons encore !
Dés qu'on peu faire un profit individuel, même au détriment de nos convictions écologiques équitables, on le fait, et avec peu de remords en fait ...
Je ne me fais aucun souci pour le devenir du règne végétal et toute la vie qu'il abrite ... par contre pour l'humain ...
J'imagine bien un méli mélo de divers scénario de film du genre Brasil / 1984 / Mad max / la Belle Verte ...
J'espère bien que nos enfants à nous vivront à l'abri de la folie consommatrice, dans les forêts, là où l'on a besoin de presque rien ...
Je sais que j'ai tendance à un peu tout mélanger mais au final, on en est là :
On cherchera toujours à produire moins couteux, moins polluant mais on cherchera quand même à produire plus, pour consommer plus pour faire plus de profit ...
Qui dit + de production dit + de déchet ...
Le seule modèle de production viable, en place depuis des millénaires sur la planète, n'utilisant que l'énergie renouvelable, capable de puiser ses nutriments sans avoir besoin de se déplacer, capable de recycler tous ses déchets, c'est l'arbre ...
Si seulement on savait s'en inspirer ...
Pour ce qui est de l'accident du Tricastin comme celui d'AZF et surement comme plein d'autre encore que l'on ignore, je crois qu'on est arrivé à un moment où est tellement sûr de notre maîtrise du risque et du danger qu'on a oublié qu'une négligence humaine pouvait mettre le feu aux poudres ...
Mais tant que la pollution n'est pas vraiment visible, on se dit qu'on y a échappé ...
BttT
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#27 14-07-2008 11:47:27
- urxantxa
- Petit Polatouche
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
d'accord avec toi st20 surtout que l'etat français est actuellement a la recherche de site pour l'enfouissement des dechets.Des sites sont déja préssentis pour cet effet.Ils sont au nombres 3115 et concerne 20 départements.La liste des communes n'est pas encore rendu publique,mais les maires ont reçu un courrier demandant de faire appel a cadidature avant le 31 octobre 2008.
L'ANDRA(agence nationale pour la gestion des dechets radioactifs) qualifie la demarche d'ouverture et progressive bassée sur le volontariat des collectivités locales..
sur ce je vais allé a la peche dans un ruisseau caché de nos montagnes , histoire de me detendre et profité de ce beau
Dernière modification par urxantxa (14-07-2008 12:53:30)
continue à parler sur mon dos tu tiendras compagnie à mon cul.
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#28 16-07-2008 18:26:01
- yak
- Super Polatouche
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
ET VOILA !
C'EST FAIT :EDF PRIVATISÉ , LES ACTIONNAIRES APPLAUDISSENT , QUI EST CE QUI PLEURE ?
Plus de profits , ah on va s'en mettre plein les poches !
Ne vous inquiétez pas pour la sécurité , on supprimera les contrôles y'aura plus de problème .
Les déchets , on trouvera bien un coin perdu dans les montagnes .Peut être en Corse , pourquoi pas pas au Larzac ou en Bretagne , dans les monts d'arrhés .
Un coin perdu , chez ces excités jamais content , allez , pas de jaloux , chacun son fût et qu'on vous entende plus!
Un joli fût qui durera longtemps , longtemps ,( 24 440 ans) ça leur apprendra à ces soiffards qui n' en ont jamais assez .
En Bolivie , quand les bandits du gouvernement (c'est souvent comme ça ,non!) , ont voulu privatiser le gaz , les indiens des montagnes sont descendus, et ça a barder !
Viva Evo Moralès !
Où sont nos indiens des montagnes?
Je n' ai pas de solution (radioactive) toute faite à proposer ; mais en tant que citoyen , je pense que le gouvernement (s'il était légitime ... ) devrait tenir compte de l'avis du peuple!
Il y aurait dû avoir une meilleure répartion du budget de la recherche énergétique , alors que le nucléaire a tout eû . Comme pour la recherche agricole , tout est fait au profit de l'agriculture productiviste , alors que des chercheurs comme JP BERLAN , de l'INRA de Montpellier , ont d'autres alternatives a proposer aux paysans et à la population .
Voilà , à +
yak
Dernière modification par yak (19-07-2008 15:10:46)
Il regarda les arbres.
Ils tenaient le ciel dans leurs branches
et la terre dans leurs racines.
Ils devaient certainement tout savoir et tout comprendre ...
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#29 17-07-2008 20:48:07
- apex
- Maître Lémurien
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
salut
faillite du système de gestion des déchet nucléaire français,ou simple anomalie ?
http://rue89.com/marseille/les-quatre-z … -tricastin
et on va tout confié au privé! bonjour les degats
* Chaque être humain a le devoir sacré de veiller sur la bonne santé de notre Terre-Mère, parce que c'est d'elle que provient toute vie. Afin d'accomplir cette tâche, nous devons reconnaître l'ennemi - celui qui se trouve à l'intérieur de chacun de nous. Nous devons commencer par nous-mêmes...
Leon Shenandoah.
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#30 18-07-2008 02:00:27
- Marc-Antoine
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Quelques infos supplémentaires sur la pollution à Tricastin :
http://www.usinenouvelle.com/article/tr … or=EPR-169
Marc-Antoine
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#31 18-07-2008 06:50:18
- sambala
- Chimpanzé
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Outre un suivi local sur le site du Tricastin, le ministre lui demande d'examiner «l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires françaises».
Puissent des journalistes suivre les conclusions de ces examens ...
Merci et bravo pour la circulation de ce genre d'info, c'est essentiel, capital et vital !
Bon, si le rapport dit que les nappes phréatiques à proximité de centre d'enfouissement de déchets nucléaires sont contaminées, on fait quoi ?
On s'énerve ou bien ? ...
BttT
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#32 18-07-2008 07:32:49
- urxantxa
- Petit Polatouche
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Pour moi privé ou public c'est la meme!! tant que les ingenieurs prendrons le nucléaire comme quelque choses qu'ils maitrisent et de "facile", va y avoir des cuves fendu pendant les travaux.
Et maintenant ils ont carte blanche car l'autre zinzin les a mis au rend de sauveur de la planete avec leur energie de -Censured-qui a causé de serieux de degat et fait pleuré beaucoup de familles...
merci pour les infos Apex et Marc.Antoine.
Dernière modification par urxantxa (18-07-2008 07:34:21)
continue à parler sur mon dos tu tiendras compagnie à mon cul.
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#33 18-07-2008 08:02:37
- apex
- Maître Lémurien
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
ce qui m'inquiete c'est ça;
Le site militaire est pourtant connu et référencé. Ses déchets, selon le "Rapport Guillemont" réalisé en 1998 par le Haut commissariat à l'énergie atomique, "ont été enfouis entre 1969 et 1976 de manière plus ou moins ordonnée et recouverts de terre":
"La contamination de la nappe liée à cette butte de stockage a été mise en évidence dès 1977 (...) Il a alors été décidé de démarrer (...) un pompage de fixation de cette contamination."
Or, précise encore le rapport, "sur la base de 2,6 tonnes d'uranium initialement présentes (dans les déchets), 900 kg environ auraient quitté la butte via les eaux souterraines".
la c'est grave,et on veut nous faire croire que l'on peu dormir sur nos deux oreilles!!!
j'en sens une troisième qui me pousse!!!!!
Et que dans un futur proche,ce seront ceux qui paieront les dégat qui devront les analyser prevenir et informer!
a+
Dernière modification par apex (18-07-2008 08:37:19)
* Chaque être humain a le devoir sacré de veiller sur la bonne santé de notre Terre-Mère, parce que c'est d'elle que provient toute vie. Afin d'accomplir cette tâche, nous devons reconnaître l'ennemi - celui qui se trouve à l'intérieur de chacun de nous. Nous devons commencer par nous-mêmes...
Leon Shenandoah.
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#34 18-07-2008 23:07:24
- Marc-Antoine
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
Et hop !
Same players shoot again !!!
Pas cool du tout.
http://www.usinenouvelle.com/article/al … or=EPR-169
Une chose m'étonnera toujours : comment des protocoles de sécurité draconiens (qui sont la règle d'or dans l'énergie nucléaire), peuvent voisiner avec de vulgaires stupidités industrielles?
Marc-Antoine
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#35 18-07-2008 23:48:25
- urxantxa
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
a quand le CAP ou BEP Maintenance Industrielle Nucléaire System (MINS tout va sauter)...
Dernière modification par urxantxa (19-07-2008 00:07:16)
continue à parler sur mon dos tu tiendras compagnie à mon cul.
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#36 20-07-2008 07:18:24
- yak
- Super Polatouche
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Re: demi-vie du plutonium 239 : 24 440 ans
face à la folie du monde , la figure du waldganger :
Figures du Waldgänger
janvier 2005 par Jean Pascal
Waldgänger est le terme qu’utilise Jünger dans le Traité du Rebelle ; le Waldgänger, en Allemand, est "celui qui a recours aux forêts". Pour Jünger il s’agit d’une "figure", d’une sorte d’"homme schématique". Ce n’est pas un anarchiste, ni un militant, ni un rebelle, ni un résistant non plus. Le terme revient, avec celui d’Anarque, dans beaucoup de ses livres, dont un roman sur le Waldgänger même, intitulé Eumeswil, ou dans ses Entretiens. Michel Onfray l’évoque dans La Sculpture de Soi.
Cette page tente de définir la position du Waldgänger, multiple et difficile à encadrer : il s’agit d’avoir la possibilité de dégager mais sans fuir, de se retirer du jeu tout en l’observant, de ne plus jouer, de ne plus y croire (tout en augmentant sa lucidité), de rester sur place mais en démissionnant intérieurement, se replier. Toutes les gradations existent, de la prise de conscience de l’humour de sa situation à l’exil intérieur complet. C’est en tout cas difficile à cartographier ! C’est en lisant un ouvrage de Pascal Bruckner que j’ai compris que l’on pouvait définir ce "territoire" en l’encadrant, en le construisant par rapport à ce qu’il n’est pas. Avez-vous remarqué comme tout ce vocabulaire est TOPOLOGIQUE ?...
L’expression "le recours aux forêts" est en elle-même très instructive. D’abord, il s’agit d’un "recours", c’est à dire un choix, une décision. La forêt est un lieu où l’on se cache, où l’on est invisible et forcément autonome. Mais il ne s’agit pas d’un exil, d’une disparition ; le recours aux forêts signifie qu’on peut surgir à nouveau, n’importe quand.
DEFINITIONS - LES VISAGES MULTIPLES DU WALDGÄNGER
Le Waldgänger n’est aucune des "figures" de cette liste, mais il emprunte à chacun :
L’Otaku est un terme japonais qui désigne les gens qui ne sortent plus du tout de chez eux, vivent reclus, reliés au monde grâce à Internet. Ils sont en général jeunes et passionnés par un domaine précis. Il existe un documentaire incroyable sur ce thème, réalisé par J.-J. Beinex. Mon personnage n’est pas un Otaku, mais il en a capté les avantages actuels : recherche du calme et de l’isolement, utilisation des ordinateurs et d’Internet comme "outils", qui préfère le mail au téléphone, se fait livrer ses courses plutôt qu’aller faire la queue dans les magasins. Les sociologues appellent ça "phobie sociale" mais il s’avère que c’est une forme possible de protection. Se protéger contre quoi ? Contre la publicité généralisée, le bruit, les voitures, la pollution ou la musique d’ambiance... L’Otaku, sorte d’"ermite urbain", est intéressant car il prend la décision de se protéger de la folie de la cité tout en restant dans la cité.
L’Ermite, selon la définition, "vit dans la solitude", avec un sous-entendu, sans doute : qui le souhaite (pour réfléchir, ou éviter les humains ?). Il ne s’agit pas ici d’aller vivre dans une grotte, mais peut-être de se permettre des moments à soi. Il s’agit de se protéger aussi (des humains turbulents ou importuns, du bruit, des multiples excitations dont parle Nietzsche, qui nous font ressembler à des cobayes électrique, et empêchent la pensée de s’étirer et de bourgeonner). Se retirer, en somme... mais certainement (enfin, c’est ce qui m’intéresse ici) pour mieux comprendre les choses, afin, ensuite, de replonger dans le monde. Le Waldgänger est peut-être un ermite DE TEMPS EN TEMPS...
Dans plusieurs de ses livres, Pascal Bruckner évoque, lui, la figure du déserteur ; il s’agit peut-être d’observer le jeu mais de ne pas le jouer, faire un pas de côté, de se mettre en position oblique, joueuse, libre, responsable, et aussi, de façon assez nette, de se permettre AUSSI de rentrer dans le jeu si c’est nécessaire. On est dans une démarche de l’individu autonome, qui sait que le monde est complexe. Peut-être se retire-t-il pour en tracer les cartes ? Refuser de jouer tout en restant pas loin, cultiver sa lucidité, et peut-être une forme de désinvolture.
L’Autonome (quel mot étrange, non ?) m’intéresse pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il fonde son action sur une sorte d’éthique personnelle (l’Autonome, par exemple, ne se situe pas dans une minorité, même pour en tirer un quelconque avantage). Ensuite, il refuse de rester sans cesse à la surface de l’actualité, de la nouveauté, ce que j’appelle la "culture à réaction". Il ne s’agit pas, comme souvent, de réagir à ce que proposent les médias, le Spectacle, mais de chercher hors de cette surface, dans la profondeur. Une conséquence possible de l’Autonomie est la solitude, on y revient toujours : si à l’époque de la techno, vous faites de la techno, tout va bien, mais si à l’époque de la techno vous explorez l’utilisation du hautbois dans la musique hongroise du XIXème siècle, vous êtes tout seul !
Le Freineur Individuel, je n’ai rien trouvé de mieux pour l’appeler : l’action sur le monde n’est pas politique ou militante, c’est une stratégie individuelle qui exprime l’idée que, par exemple, si le train est fou, inutile d’aller manifester sur le toit avec les autres : il faut freiner soi-même, avec ses propres moyens. En somme : changer le monde par la somme de petites actions individuelles, responsables, plutôt que par des grandes idées, des grands projets, de grandes actions ou explications. Le Waldgänger n’est certainement pas un rebelle, ni un "freineur", en tout cas pas forcément. Position déconsidérée, ou automatiquement qualifiée de "lâche" par la société, observer sans agir, sans conclure, peut suffire au Waldgänger. Une des formes du quiétisme...
La "Figure" de L’Observateur est intéressante, parce que celui-ci ne FUIT PAS LA BATAILLE, il la scrute. L’observateur reste là où se situent les événements, mais est conscient d’avoir une position esthétique différente. Il peut d’ailleurs participer tout en observant, ou se mettre juste un peu à l’écart. Le positionnement en observateur implique une volonté de compréhension, pas de fuite. L’idée, aussi, est de n’être pas dupe. Le terme revient pour une des catégories des ennéagrammes.
La "Figure" du Promeneur prend de multiples formes, et est assez précise. Le paresseux, celui qui fait la sieste, qui se promène... Figure qu’on retrouve dans de très nombreux livres, de l’éloge de la paresse ou de la lenteur aux carnets de promeneurs. Mais on peut très bien être habité par cette "Figure" au milieu d’une réunion de bureau. Une sorte de regard déposé et surtout pas cynique, ou ricanant. Etre là sans l’être. Une des caractéristique du Waldgänger est que son recours aux forêts peut être utilisé partout. Il n’est probablement jamais "à fond", il observe, décode, s’amuse, mais n’en montre rien...
Le Touriste décodeur, le touriste qui observe, se renseigne, essaie de comprendre, relie, tisse des liens de sens, le touriste actif, quoi ! Ce type précis de touriste (l’exemple m’est donné par le livre extraordinaire de Giono Voyage en Italie ou les journaux de la fin de la vie de Jünger Soixante Dix s’Efface) déambule librement, choisit en permanence ce qu’il veut voir ou ne pas voir, etc etc (il faudrait approfondir cette "attitude"). Le Waldgänger possède cet état d’esprit en permanence, il est celui qui est là, qui observe, même : se régale, veut comprendre TOUT EN N’ETANT PAS DU COIN. Il ne fait pas partie du jeu ("la vie des gens qui habitent là"). Il est l’étranger, celui qui visite en sympathie. Mais il n’est pas du coin...
Le Waldgänger emprunte quelques traits au résistant. Il ne clame pas partout qu’il l’est, il se cache.
Et la Pataphysique ? Je suis le premier étonné. Voici un extrait de Clefs pour la Pataphysique de Guy Launoir (disponibilité inconnue) : " La Pataphysique est, d’allure, imperturbable. (...) La vie, c’est entendu, est absurde, mais c’est parfaitement banal, et il est grotesque de la prendre au sérieux. Surtout pour s’en indigner ou l’attaquer. Le comique est un sérieux qui s’excuse par la bouffonnerie, le sérieux pris au sérieux est inexorablement bouffon. C’est pourquoi le pataphysicien reste attentif et imperturbable (Imperturbabilité n’est pas une traduction noble de froideur. Le Pataphysicien se sent personnellement intéressé, - non par l’"engagement" de celui qui cherche à créer des valeurs humaines - mais à la manière de l’enfant regardant dans un kaléidoscope ou de l’astronome étudiant ses galaxies). Cette imperturbabilité lui confère l’anonymat et la possibilité de goûter l’entière profusion pataphysique de l’existence. "
Toutes ces "figures" ont recours aux forêts, d’une façon ou d’une autre. Le "champ de force" du Waldgänger peut s’appliquer à de nombreuses circonstances. D’autres domaines sont à explorer, comme le "quiétisme", ou un des axes de vie des personnages de Huysmans (Des Esseintes, que fait-il ? Voir aussi la préface de En Rade, qui joue avec cette topologie). Il faut s’intéresser à la vie de Glenn Gould, fasciné lui par l’idée du "Nord", et qui a cessé toute représentation en concert assez tôt dans sa carrière. Celle de Rimbaud (qui d’un seul coup ne joue plus, et part en Afrique sans plus jamais écrire de poème). J’ai retrouvé cet "axe" chez... Dilbert, la célèbre BD d’un cadre informatique qui reste à son poste mais n’y croit plus du tout, jouant le jeu sans le jouer jamais vraiment. Chez Thomas Bernhard et ses fleuves de colère rentrée (en particulier dans son roman Des Arbres à Abattre). Peut-être chez Kafka, Lovecraft, ou Szentkuthy. A l’extrême, chez Houellebecq, qui enlève quasiment toute transcendance à la vie contemporaine, ne décrivant plus que le fonctionnement (attitude qui peut conduire à une forme de folie, voir l’adaptation au cinéma terrifiante d’Extension du Domaine de la Lutte). J’ai retrouvé cette idée dans le film (et la BD de Clowes) Ghost World, où plus rien ne semble avoir de sens. Chez Debord, dans son pilonnage froid du "spectacle", dans les Journaux de Jünger, âme cultivée dans un monde en phase d’écroulement, dans Cioran bien sûr, multiple, désespéré et drôle, chez Schopenhauer et Nietzsche, évidemment. Cette attitude oblique se retrouve dans quelques essais de Pascal Bruckner. Chez les philosophes Stoïciens, dans le "non-agir" du Tao et de Lao Tseu, chez Laborit pour le côté positif de la "fuite", dans quelques idées des anarchistes et libertaires (hors du domaine velléitaire). Ils sont DANS le monde, l’explorent dans tous les sens, mais en même temps en sont retirés, et à leur contact, le monde est comme démonté...
Tous ces domaines et écrivains sont bien différents. Le recours aux forêts n’est ni une doctrine ou un schéma de vie, c’est comme un "champ de force", qui peut s’appliquer de mille façons et dans bien des circonstances...
EXEMPLES PRATIQUES :
Le piéton, au siècle des voitures, est un Waldgänger, il est dans son propre monde, apprécie probablement sa lenteur. Il est seul, se glisse, il ne joue pas le jeu habituel (aller vite, être à l’abri des intempéries). Celui qui n’a pas la télévision est un Waldgänger. Sa propre forêt est probablement sa bibliothèque, et les conversations à deux. Il est autonome (consulte ce qu’il veut quand il veut), il se protège (de l’agitation télévisuelle, de la publicité omniprésente, de la bêtise en torrents), il ne joue pas le jeu social du lendemain ("tu as vu à la télé ?"), et il est discret (comment mesurer l’audimat de celui qui n’a pas la télé ?). Celui qui n’a pas de téléphone portable est un Waldgänger. Sa forêt est contenue dans le fait qu’on ne peut parfois pas le trouver, ni lui parler. Il refuse qu’on puisse le sonner dans la rue. Il est autonome, sans "fil". Celui qui s’intéresse à autre chose que ce qui est nouveau, c’est-à-dire dont la culture est indépendante des médias et du Spectacle, est un Waldgänger. Il lit Montherlant pendant la "rentrée littéraire", écoute Bartok à la sortie du nouveau Björk, est au cycle Ozu à la cinémathèque pendant Star Academy. Le frugal est un éminent Waldgänger. Il n’a pas d’ambition professionnelle (ce qui lui évite épuisement, stress, perte de temps), n’est pas rassasié par le jeu de la consommation de loisir, modère donc ses désirs d’achat (et par exemple, se protège de l’envahissement publicitaire), achète d’occasion et... ne possède pas d’actions !
Ces exemples sont significatifs : le Waldgänger "retranche" quelque chose, il existe par ce qu’il n’a pas, il existe par son refus (tranquille, possiblement amusé) de ne pas jouer le jeu.
L’amoureux, ou la femme enceinte, sont des Waldgängers. La communauté humaine, son agitation et ses motivations leur parviennent comme à travers un filtre bizarre. Ils sont dans leur propre monde (la forêt, donc, même si ici on n’y a pas au forcément "recours").
CE QUE N’EST PAS LE WALDGÄNGER :
Le Waldgänger n’est pas un rebelle (il est discret), ni un militant (il ne veut rien changer, sauf lui-même), ni un révolté (il n’est ni pour, ni contre, mais "à côté du débat") ; il n’est pas romantique (mais plutôt lucide, joueur, désenchanté) ; si c’est un artiste, il n’est pas "exposé" (le Waldgänger ne joue pas le jeu du Spectacle, de la représentation) ; ce n’est pas un ermite (il reste dans la communauté des hommes). Il est aisé de trouver du Waldgänger partout !
POURQUOI - COMMENT ? LES MOTIVATIONS DU WALDGÄNGER
L’attitude Waldgänger est peut-être innée ou acquise. C’est une formulation un peu schématique, mais il est sans doute vrai que certaines personnes sont et ont toujours été tentées par la "chose philosophique", comme dirait Thomas Bernhard, des toujours plus ou moins retirés du jeu, qui ont tendance à observer le chaos plutôt qu’ à y participer. Dans les Ennéagrammes, une des figures est l’Observateur.
Le recours aux forêts peut être utilisé dans de multiples circonstances. Si c’est la "société", qui devient écrasante, il est relativement facile de refuser d’en jouer le jeu. On sort du jeu, on part dans la forêt. Mais la forêt est proche de la communauté humaine : il est possible de revenir rapidement dans le jeu.
Le Waldgänger est libre, mais personne ne le sait. Il n’a aucune envie d’être remarqué.
Il est de même presque évident que l’on attrape cette sorte de maladie avec la maturité, et donc avec l’âge. L’envie de se "retirer de la ligne du front", comme le dit Michel Polac quelque part dans son Journal, devient de plus en plus forte.
Il me semble (toutes ces propositions sont des pistes à creuser), que cette attitude peut SURGIR et que l’on change du tout au tout en quelques jours, suite à un événement grave, une maladie, un accident, un déclic, en somme. "D’un seul coup le rideau est tombé et je n’y crois plus". A l’inverse, elle peut être très progressive, un glissement.
Pour terminer, je pense que cela peut arriver après ce que j’appellerais une "surcharge par accumulation", c’est-à-dire, chez ceux dont la profession est liée au grand cirque de l’invention de la réalité : journalistes, mode, chanteurs, financiers etc... A force de voir les choses "en train de se faire", la FOI s’effrite, s’érode, et d’un seul coup tout s’écroule...
BIBLIO DANS LE DESORDRE
Collection Autrement (Mutations) : Etre Indifférent ? (La Tentation du Détachement).
Thomas Bernhard : Des Arbres à Abattre - Une irritation (hilarante et furieuse démolition d’un "dîner artistique" par un narrateur assis dans un fauteuil). Le Naufragé, l’histoire d’un repli (un pianiste, effaré par le génie d’un collègue, décide d’abandonner le piano, et d’observer un troisième acolyte, qui lui se met à sombrer).
Ernst Jünger : Traité du Rebelle (essai sur les différentes formes du Waldgänger), Eumeswil (roman sur ce thème précis), Sur les Falaises de Marbre (un roman-fable magnifique). Lire aussi les quatre tomes des Journaux de Guerre (Jardins et Routes, La Cabane dans la Vigne, Premier Journal Parisien, Second Journal Parisien). Jünger est alors officier de la Wermacht en France occupée…
Guy Debord (par exemple : Commentaires sur la Société du Spectacle).
Nietzsche : Œuvres (Flammarion) & La Volonté de Puissance.
Grenier : L’esprit du Tao.
Gombrowicz : Journal, et Ferdydurke ("une galerie de "poses" démolies par l’auteur qui montre à ce jeu de massacre une habileté hors pair. Aux "formes" qui figent les esprits, Gombrowicz applique une sorte de "doute hyperbolique" auquel rien ne résiste : ne demeurent que le jeu et les têtes coupées" (extrait du Livre des livres du XXe Siècle).
Houellebecq : Extension du Domaine de la Lutte, et "Approche et désarroi" et "La Fête", dans Rester Vivant et autres textes ("Chaque individu est en mesure de produire en lui-même une sorte de révolution froide, en se plaçant pour un instant en dehors du flux informatif-publicitaire. C’est très facile à faire ; il n’a même jamais été aussi simple qu’aujourd’hui de se placer, par rapport au monde, dans une position esthétique : il suffit de faire un pas de côté. Et ce pas lui-même, en dernière instance, est inutile. Il suffit de marquer un temps d’arrêt ; d’éteindre la radio, de débrancher la télévision ; de ne plus rien acheter, de ne plus rien désirer acheter. Il suffit de ne plus participer, de ne plus savoir ; de suspendre temporairement tout activité mentale. Il suffit, littéralement, de s’immobiliser quelques secondes").
Gilles Châtelet : Vivre et Penser comme des Porcs, écrit vraisemblablement sur le coup d’une gigantesque colère. Un vrai déluge d’artillerie.
Henri Laborit : Eloge de la Fuite.
Michel Schneider : Glenn Gould Piano Solo. On peut aussi feuilleter les livres de Gould lui-même...
Roland Jaccard : Le Cimetière de la Morale (Livre de Poche Biblio), un tout petit livre qui fait le portrait des grands pessimistes et des "retirés", de Schopenhauer à Leopardi, de Cioran à Bierce (voir son Dictionnaire du Diable) ou Fritz Zorn (Mars !).
Il faut connaître le réjouissant Du Trop de Réalité d’Annie Le Brun. Ce livre est un pilonnage systématique et méthodique de la société occidentale actuelle. Un vrai saccage, un vrai barrage d’artillerie. Passionnant malgré deux étranges lubies de l’auteur : l’importance donnée au pouvoir de la poésie (la poésie est capitale, mais ne me semble avoir que peu de "pouvoir opératoire"), et la gigantesque allergie aux ordinateurs (pourquoi combattre des outils ?).
Intéressantes page sur l’Anarque dans le livre de Michel Onfray, La Sculpture de Soi.
Quelques douceurs, avec Le Voyage en Italie de Jean Giono, ou comment faire le touriste sans le faire, ou Eloge du Repos, de Paul Morand...
Autres désacralisateurs : Vaneighem (hilarant, féroce : indispensable), Pascal Bruckner (tous ses essais sont passionnants par leur "position"), Cioran, Schopenhauer, le Journal de M. Polac et, en BD, Dilbert, bien sûr...
CITATIONS EN VRAC :
"Je ne sais pas quelle serait la bonne proportion, mais j’ai toujours eu une sorte d’intuition selon laquelle pour chaque heure passée en compagnie d’un autre être humain, on a besoin d’x heures seul."
Glenn Gould
"Aujourd’hui on ne peut pas travailler en société (...) ; il faut le faire dans la solitude, comme un homme qui ouvre une brèche dans la forêt vierge, soutenu par l’unique espoir que, quelque part, dans les fourrés d’autres travaillent à la même oeuvre."
Ernst Jünger (Le Coeur Aventureux)
"HIDE UNDERWATER OR ANYWHERE SO UNDISTURBED YOU FEEL THE JERK OF PLEASURE WHEN AN IDEA COMES."
Jenny Holzer
"Dans mon enfance, il me fallait, pour jouir de moi-même, me retirer dans des coins difficiles à découvrir. Aujourd’hui, j’y parviens partout."
Ernst Jünger (Eumeswil)
"Si la société devient insupportable, alors je deviens Waldgänger ; et je peux l’être aussi naturellement dans un gratte-ciel."
Ernst Jünger
"J’avais inventé une forme de désintérêt qui ne me reliait à la réalité, comme une araignée, que par un fil invisible."
Ernst Jünger
"L’Anarque qui, au lieu de s’opposer brutalement à un pouvoir qui risque de l’écraser, se met en marge de lui par un semblant d’acceptation qui lui assure sa liberté intérieure."
Ernst Jünger
"Tout à coup, il m’est devenu indifférent de ne pas être moderne."
Roland Barthes (cité par Houellebecq Extension du Domaine de la Lutte)
"Personne ne sait mon nom, et personne ne connaît ce refuge."
Ernst Jünger
"Je fais tout très lentement. J’aime ça. Si on se bouscule pour quoi que ce soit, je m’en vais, quitte à ne pas attraper ce que les autres attrapent. Si on me dit, les yeux exorbités, il faut absolument visiter ça, il y a de grandes chances pour que j’aille faire la sieste avec un roman policier. "
Jean Giono (Voyage en Italie)
"Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. "
François Truffaut
"Il existe sans doute au coeur de Manhattan des gens qui se débrouillent pour mener une existence aussi indépendante et érémitique que le prospecteur errant à travers la toundra recouverte de lichen que A. Y. Jackson aimait tant à peindre au nord du lac de la Grande Ourse. Tout est donc probablement question d’attitude."
Glenn Gould (Contrepoint à la ligne)
"Une sortie volontaire du cercle, du milieu ; une mise à l’écart, loin de la tyrannie des excitations qui nous condamne à ne dépenser nos forces qu’en réactions et qui ne permet plus à celles-ci de s’accumuler jusqu’à une activité spontanée."
Nietzsche (La Volonté de Puissance)
"Un instant, un éclair, tu n’es plus dans le coup... Tout à coup tu vois le fonctionnement autour de toi."
Barjavel (La Faim du Tigre)
"Observer sans conclure."
Krishnamurti
"Il faut pratiquer un subtil travail non d’opposition, mais de différenciation, à l’intérieur duquel on s’installe, observateur et songeur, méditatif et distrait. Abri fantasmatique, sorte de tente invisible aux autres et qui se monte et se démonte en un souffle."
Chantal Thomas (Comment supporter sa liberté)
"Mettez-vous plutôt à l’écart ! Fuyez vous cacher ! Et ayez vos masques, de sorte qu’on vous confonde avec d’autres ! Et n’oubliez pas le jardin, le jardin au grillage doré ! Faites le choix de la bonne solitude. La solitude libre, malicieuse, légère, celle qui vous donne même le droit de demeurer bons en quelque manière !"
Nietzsche (Par delà bien et mal)
"Comme je n’ai pas réussi à rendre les hommes plus raisonnables, j’ai préféré être heureux loin d’eux. "
Voltaire
"Donc celui-là a remis un bras, l’autre une jambe, l’autre une oreille, l’autre un dos et celui-ci un oeil. Et toi ? Qu’est-ce que tu vas remettre ? Ton âme ? Non, lui dis-je, vous n’aurez pas mon âme."
V. Chalamov
Un extrait du dernier livre de P. Bruckner : Misère de la Prospérité. Un exemple caractéristique de l’attitude Waldgänger : "...c’est la désaffection, cette lassitude ponctuelle qui monte de nos sociétés (et touche jusqu’aux décideurs, investisseurs, banquiers) face à la surproduction insensée, la camelote entassée dans les vitrines, le mercantilisme nauséeux, l’ébriété publicitaire ; c’est le salutaire "à quoi bon ?" de ceux qui ne comprennent plus le sens de ces pseudo-richesses. (...) Ce qui s’installe tout doucement, c’est moins un idéal de révolution que de détournement. Etre "anticapitaliste", c’est d’abord cesser d’être obsédé par le capitalisme, c’est penser à autre chose. Plutôt que d’être contre, pourquoi ne pas être à côté, se dérober ? L’on déserte en déplaçant les signes du luxe, du moins à titre individuel : le temps libre plutôt que les gros salaires, la méditation plutôt que la frénésie, la vie de l’esprit plutôt que la fièvre commerciale, les petites sociétés à la place du grand monde, la réclusion avec des amis plutôt que la solitude dans la foule. Bref, le retrait savamment dosé, une contradiction lucidement acceptée : des niches de beauté, de silence, de culture, une subtile schizophrénie qui permet d’être dedans et dehors, de se déprendre sans s’éloigner, un exil intérieur."
Il regarda les arbres.
Ils tenaient le ciel dans leurs branches
et la terre dans leurs racines.
Ils devaient certainement tout savoir et tout comprendre ...
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